• Design et Crime

    Design et Crime

    Hal Foster, journaliste et critique américain, a publié il y a quelques mois un ouvrage intitulé Design et Crime, aux éditions Les Prairies Ordinaires. Nous n’avions pas eu l’occasion de l’évoquer jusqu’à présent, réparons donc cette injustice.

    Le livre est en fait un recueil de huit textes, scindés en deux grandes parties. Il s’agit pour la plupart d’articles précédemment publiés dans la presse anglo-saxonne et regroupés puis traduits en français pour la première fois.

    D’intérêt assez inégal, à nos yeux tout du moins, nous retiendrons tout particulièrement la première partie, qui traite davantage du « design » tel que nous l’envisageons (les articles suivants s’intéressent à des thèmes plus généraux liés à l’histoire de l’art ou au statut de critique aujourd’hui). Les trois premiers textes, à eux seuls, méritent le détour (« Vers l’indistinction », « Design et crime », « Maître bâtisseur »).

    Hal Foster y dénonce un design total, dans lequel l’emballage et la communication ont fini par remplacer le produit et ses qualités supposées. Il dessine également les dérives et écueils d’un design qui, omniprésent et totipotent, réduit à l’état de logo, de signe distinctif ou de signature, s’étend aujourd’hui à toutes les échelles et dans toutes les disciplines, de la petite cuillère au politicien candidat à une élection quelconque.

    Quelques citations :

    « Avec l’avènement de l’économie post-fordiste, ses produits ciblés et ses marchés de niche, nous vivons aujourd’hui dans un circuit sans fin de production et de consommation. Dans ce nouvel ordre des choses, l’étalage ou l’exposition (display), joue un rôle essentiel ». (p5)

    « Après l’âge d’or du designer Art nouveau, le modernisme érigea en héros l’artiste ingénieur et l’auteur producteur : puis ce héros perdit son statut avec l’ordre industriel dont il était la créature ; dans le monde consumériste d’aujourd’hui règne à nouveau le designer. Mais un designer qui est à mille lieux de l’ancien ». (p31)

    « Le design favorise l’avènement d’un circuit de production et de consommation en voie d’atteindre la perfection, sans laisser beaucoup d’ « espace de jeu » pour quoi que ce soit d’autre » (p31)

    Cet ouvrage, à lire, interroge les statuts récents de l’architecture et du design, devenus objet de consommation et de communication. Il questionne, en filigrane, les relations qu’entretiennent la culture et le capitalisme contemporain.

    Design et Crime, Hal Foster, 192 pages, 14 €.


    7 commentaires

    1. Clement dit:

      Pour info, le livre n’est plus disponible chez l’éditeur mais sera réédité à la prochaine rentrée.

    2. La revue du design dit:

      Merci pour l’info ;)

    3. alexpierre dit:

      « Design et crime »
      Ca me rappelle quelque chose ^^

    4. Clement dit:

      Pour info (encore), le livre est de nouveau disponible !
      http://www.lesprairiesordinaires.fr/

    5. Prof Z dit:

      « Design et Crime » ou “Ornement et crime” ou « Crime et châtiments »….ou comment construire un titre de best seller ou un objet en associant par un court circuit mental le feu mortel d’une Kalachnicoff et la lumière irradiante et rassurante d’une lampe…

      http://www.decitre.fr/gi/60/9782743610760FS.gif

    6. Elisa dit:

      Pour information, Hal Foster n’est pas « journaliste et critique américain » mais l’un des plus importants historiens et théoriciens de l’art des trente dernières années, actuellement professeur à Princeton University et auteur de très nombreux livres et articles qui commencent depuis peu – et fort heureusement ! – à être traduits en français. Une critique est vite faite, une analyse un peu moins….

    7. La Revue du Design dit:

      Bonjour Elisa,

      Merci pour cette précision.

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