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    L’Express.fr a demandé à Jean-Marc Gady, Robert Stadler et les 5.5 Designers d’imaginer trois « recettes » de design à faire soi-même. Opérons un rapide retour en image sur cette initiative, qui ne manquera pas de poser quelques questions sur la relation designer/utilisateur.

    Jean-Marc Gady a imaginé, tel un nuage, une suspension faite de simples boules de polystyrène.

    « Paradise est un nuage formé avec des boules de polystyrène. Cet objet m’a été inspiré par l’univers du cinéaste Miyazaki. On peut le suspendre au plafond ou le poser sur une table. Il s’illumine grâce à une source de lumière distincte… »

    Paradise © Jean-Marc Gady

    Les 5.5 Designers ont pris la thématique de la « recette », proposé par l’Express, au pied de la lettre, proposant d’utiliser nos divers moules de cuisine pour réaliser des tabourets aux assises en béton…

    « Nous cuisinons bien plus que nous n’allons au restaurant et à l’inverse nous fabriquons très peu d’objets par rapport à ce que nous achetons. Nous proposons donc une cuisine d’objets avec des recettes à s’approprier selon son goût. Cette série de tabourets, faits à partir de différents moules à gâteaux ou de plats, en est un exemple. »

    Tabourets démoulables © 5.5 Designers

    Et enfin, Robert Stadler a imaginé un décor façon coucher de soleil à composer soi-même, à l’aide de quelques bandes d’adhésif.

    « Cette création, que j’ai baptisée Permanent Sunset, est un tableau réflecteur de lumière que l’on éclaire avec une lampe. Il suffit de découper et de coller des bandes de ruban adhésif brillant sur un mur. J’ai choisi un dessin volontairement kitsch, qui permet de profiter d’un coucher de soleil à toute heure, mais chacun peut créer son propre dessin. »

    Soleil couchant Robert Stadler

    L’initiative, si elle est originale et ludique, pose plus largement la question des relations que peuvent entretenir les designers et les usagers de leurs créations.

    En effet, souvent séparés par tout un process industriel (étant même situé à un bout et à l’autre de la chaîne de conception/production/utilisation d’un objet), le designer et l’utilisateur n’ont que relativement peu d’occasions de se « rencontrer ». Ici, l’initiative nous rappelle par certains aspects les travaux des artistes conceptuels, qui donnaient eux aussi parfois les « recettes » de leurs créations, ou tout du moins laissaient entendre que l’élément principal d’une oeuvre était moins sa réalisation que l’idée qui l’avait guidée.

    En est-il autant du design, et celui-ci peut-il justement se résumer à des recettes ?

    Posée comme cela, en sous-entendant que le design peut s’abstraire de son contexte de fabrication tout comme l’art conceptuel avant lui, la réponse semble être clairement non.

    Par contre, si l’on met de côté le jugement purement esthétique des objets produits, et si l’on envisage que le cadre domestique peut se substituer en tant que tel à un lieu de production, intégrant ses outils et acteurs et définissant par là même de nouveaux modèles économiques dans lesquels les designers entrent dans une relation plus directe avec les destinataires de leurs créations, la réponse est moins évidente…

    Alexandre Cocco

    Source: deco-design.biz.


    6 commentaires

    1. Prof Z dit:

      Le commentaire d’ Alexandre Cocco est très interessant mais je pense qu’il faut parler non seulement la relation avec les usagers mais avec les « regardeurs »de ses créations (expression de Maurice Padovani) , avec les acheteurs et en dernier avec les utilisateurs …

    2. La Revue du Design dit:

      Avec le recul, cette initiative nous a amené à redécouvrir le projet « Autoprogettazione », initié par Enzo Mari en 1974, lors d’une exposition organisée à la Galleria Milano et intitulée « Proposta per un’autoprogettazione ». Il s’agissait d’un appel lancé par Enzo Mari dont le principe était de permettre aux particuliers de monter eux-mêmes leurs meubles, à partir d’un ensemble de plans et dessins techniques. L’idée, là aussi, était d’imaginer un design « a-industriel », s’abstenant de toute intervention de fabricants ou d’éditeurs et instaurant un rapport direct entre le créateur et le destinataire final.

      Quelques exemples sont visibles ici: http://www.apartmenttherapy.com/boston/tables-dining-occasional/enzo-maris-autoprogettazione-boston-060628

    3. jean marc gady dit:

      C’est exactement cela, ni plus ni moins, pas d’intermédiaire.
      Et merci parce que je ne me souvenais pas du nom exact de ce manifeste.

    4. Prof Z dit:

      1/L’Express.fr ne fait que suivre beaucoup de mag deco qui offrent des recettes cuisine de chef + des recettes deco de styliste plus rarement de designer.
      2/ Voir aussi les videos DIY d’une mn du jeune Pierre Lota
      http://www.wikio.fr/video/1068963
      3/En 1974: Enzo Mari est un designer REVOLUTIONNAIRE, un visionnaire, un maestro, un triple compasso d’oro…
      4/ internet permet de faire une distribution directe de projets ou des objets
      5/ le rapid prototyping devrait permettre une evolution décisive .

    5. La Revue du Design dit:

      Bonjour Jean-Marc Gady,
      et merci pour votre commentaire.
      C’est en effet toujours avec grand plaisir que nous accueillons les remarques des designers.
      A très bientôt.

    6. Prof Z dit:

      Le designer et l’utilisateur ont de plus en plus d’occasions d’échanger. C’est nier qu’internet (dont les blogs)est devenus le premier média d’influence selon une étude diffusée sur le blog web 2.0 d’Henri Labarre 2803…
      Le dialogue internet »designs lovers » et createurs permet de repositionner un projet, de refaire sa presentation et même de trouver des utilisations…etc

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