• Interview: Marc Pinel

    Nous rencontrons aujourd’hui Marc Pinel, responsable du studio Design Composants et IHM (Interface homme-machine) chez Renault.

    Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
    J’ai obtenu mon diplôme en Design Industriel aux Arts Décoratifs en 1994. Déjà conscient des enjeux du numérique, j’y ai ensuite suivi un post diplôme au sein de la structure d’Atelier d’images informatique (Aii).
    Je suis entré chez Renault à la sortie de l’école pour intégrer le service d’imagerie informatique au Design, dirigé à l’époque par Bruno Simon. J’avais en charge la qualité graphique des images, film ou autres visuels produits avec des outils 3D comme «Explore» ou les premières versions beta de «Maya». Nous étions une équipe très prospective et nous expérimentions aussi dans les domaines du «temps réel» et de la «réalité augmentée».
    Après 5 ans, fort de cette expérience, j’ai rejoint l’équipe Couleur Graphismes et Matériaux pour développer, en tant que «Lead Designer», le design d’interaction embarqué dans les véhicules.
    En 2009, je suis nommé Design manager et je crée en 2011 l’iDESIGN LAB. J’anime aujourd’hui une équipe de 7 designers qui conçoivent et dessinent les interfaces logicielles et physiques présentes dans les cockpits des futurs véhicules de la marque.

    En quoi consiste exactement votre rôle de «Design manager»?
    Le Design d’interaction dans l’automobile est un sujet complexe qui touche à la sécurité du conducteur. En phase de conception, le créatif est très vite happé par nombre de considérations techniques et économiques. Mon rôle est de l’accompagner dans sa démarche design et de m’assurer que l’objectif d’innovation et de création soit au rendez-vous.

    Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
    Je résumerais en disant que ma mission est de rendre l’expérience utilisateur attractive tout en restant intuitive; faire des IHM Renault une raison d’achat. Il est primordial, pour le client, qu’il n’y ait pas de rupture entre le monde des nomades et celui des voitures. Il faut assurer une continuité d’usage et aussi de design.
    Nous préparons depuis quelques temps l’évolution complète de nos interfaces. Les concepts car préfigurent la vision que nous mettons au point depuis ces dernières années pour la futur gamme RENAULT.

    Combien de personnes compte votre service, et comment sont réparties les tâches?
    L’équipe est constituée de 7 personnes de profils divers et variés. Certains ont plus un profil de graphistes d’autres de designers produit. Le cœur de métier concerne tout ce qui se passe dans les afficheurs numériques ou analogiques. Viennent ensuite toutes les commandes associées à ces afficheurs puis les pièces transversales très identitaires du cockpit (clés, volants, leviers de vitesse…).

    Avez-vous une méthode de travail «type»?
    Non, c’est une activité encore jeune, en perpétuel mouvement, qui demande une attention permanente et un vrai sens de l’adaptation.

    Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
    Je suis un inconditionnel du blog tropdetempslibre.fr. C’est un site très inspirant et instructif sur notre société. Plus sérieusement, je regarde assez régulièrement des sites comme todayandtomorrow.net, treehugger.com, ted.com ou davidreport.com.

    Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
    Il n’y en a pas un en particulier, j’aime diversifier au maximum mes sources d’inspiration. C’est le propre du créatif je pense, que de trouver son inspiration partout et, notamment, d’aller là où peu de créatifs sont déjà intervenus.

    La manière dont le design automobile est pratiqué, ou alors la manière dont il est intégré dans les entreprises ont-elles évolué ces dernières années?
    Le Designer automobile se doit d’être de moins en moins spécialisé et de plus en plus ouvert à l’international. L’arrivée de l’électronique, et du coup de la voiture connectée, bouleverse les usages du conducteur. Les codes stylistiques automobiles se voient transformés. Le designer doit s’adapter car les icônes du design proviennent de plus en plus des mondes virtuels et des objets nomades.

    De votre point de vue, le métier de designer automobile est-il enviable aujourd’hui?
    L’automobile vit une révolution et doit, pour sa survie, entreprendre une mutation. Le Designer a évidemment un rôle prépondérant à jouer dans cette transformation.
    Le rôle du créatif est de digérer l’histoire et les codes d’une industrie comme celle de l’automobile, tout en s’imprégnant du monde dans lequel il vit et des évolutions sociologiques, techniques et économiques qui l’entourent. Dans ce contexte, le design d’interaction dans l’automobile est un acteur majeur de cette transformation.
    Alors oui, participer à cette évolution est quelque chose d’unique et d’excitant.

    Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
    Tout simplement une belle histoire que je viens tout juste de découvrir sur TED. Celle d’Adolpho Kaminsky racontée par sa fille Sarah (à voir sur le site ted.com).

    Quelques projets de RENAULT Design:


    Les interfaces de conduite dans la voiture électrique doivent être réinventées – Zoé preview 2010.


    Dezir : Cockpit du concept car DeZir 2010.


    R-Space : La vie à bord est un sujet central traité par les IHM RENAULT – R Space Concept 2011.


    Cockpit du concept car Frendzy 2011.


    Frendzy : Illustration du besoin de continuité d’usage sur le concept car Frendzy 2011.


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