• Grumes

    Grumes est une nouvelle plateforme ayant pour objectif de proposer à la vente une sélection d’objets (mobilier, papeterie, textile, photographie…) produits en petites séries ou autoproduits par les concepteurs eux-mêmes. Ses deux initiateurs, Pierre Aldebert et Etienne Poupelin, nous en disent aujourd’hui plus sur ce projet, ses ambitions et son mode de fonctionnement.

    Pour commencer, qu’est-ce que Grumes?
    Grumes est une jeune plateforme de distribution d’objets autoproduits et réalisés en petites séries. Elle valorise les productions des designers ayant choisi de se tourner vers un dispositif de travail autonome.
    Les pratiques artisanales et les collaborations avec des artisans ou petites entreprises sont au cœur des valeurs du site.
    La mission de Grumes est donc, à travers la vente de la production de jeunes designers, de réunir et de valoriser les démarches, les rencontres et les collaborations qui donnent naissance aux objets et font toute leur singularité.

    Comment est née cette idée?
    Cette idée est née durant nos études de design à la Martinière Diderot de Lyon.
    Lors de notre première année de DSAA, nous avons largement abordé la thématique de l’autoproduction: son histoire, ses théoriciens et adeptes, les démarches contemporaines s’inscrivant dans cette pratique… pour enfin proposer une petite production réalisée de manière autonome.
    Les problématiques ayant émergé durant ce projet nous ont particulièrement interpellés et touchés: en tant que jeune designer, quelles sont les possibilités qui s’offrent à nous pour diffuser une production, dans un paysage éditorial difficilement accessible?
    Se regrouper pour l’étape clé qu’est la diffusion des productions issues d’une démarche d’autoproduction ne permettrait-il pas de favoriser son essor tout en assurant une visibilité à chacun des designers?
    Ces questionnements marquent le point de départ de l’aventure.
    Nous avons donc poursuivi, chacun de notre côté, la réflexion autour de ce mode de production durant nos projets de diplôme.
    Pierre a bâti son projet autour de l’autoproduction comme potentiel modèle successeur d’une globalisation industrielle de l’objet.
    Alors que de son côté, Etienne a travaillé sur les moyens de valorisation des déchets d’ardoise et l’ancrage local de ce matériau dans la région angevine.
    Ces travaux ont nourri notre envie de travailler avec des artisans, de manière locale.
    Après ces deux années, nous disposions de suffisamment de ressources pour murir cette idée de réseau de diffusion.
    Grumes est né quelques mois plus tard.

    Qu’est-ce qui vous différencie d’un éditeur « classique »?
    Nous ne pouvons pas réellement nous définir comme une maison d’édition puisque nous souhaitons justement valoriser les designers capables d’assurer eux-mêmes la production de leurs objets!
    Chaque personne contribuant à Grumes est son propre éditeur, excepté le cas particulier de reproductions graphiques réalisées à la main, pour qui nous assurons la production.
    S’autoéditer permet au designer d’assurer la maîtrise de l’ensemble de son projet, afin qu’il soit le plus représentatif de son intention.
    Grumes permet de réunir ces différentes démarches au sein d’une même plateforme afin de créer une force de diffusion. C’est pourquoi, aussi, le créateur reçoit la plus grande partie du prix de vente de ses objets, au contraire du pourcentage versé par une maison d’édition « classique ».
    Contrairement aux éditeurs, notre travail se situe donc énormément en aval de la phase de production. Toutefois, nous assurons aussi l’ensemble des démarches qui permettent la bonne diffusion et la promotion des objets: le stockage, la communication, à travers la mise en place du site Grumes.fr, ainsi que la livraison sont à notre charge. Nous libérons donc le designer de la partie logistique.
    Ce travail fourni, mais aussi et surtout les frais liés au conditionnement et à l’envoi, justifient la part du pourcentage du prix de vente attribué à Grumes.
    En ce qui concerne le choix des projets, nous nous efforçons de mettre en place une ligne éditoriale cohérente, et c’est cette sélection qui nous rapproche des « maisons d’édition classiques ».

    Comment sélectionnez-vous les designers avec lesquels vous travaillez, ainsi que les produits que vous distribuez?
    Le premier critère est bien entendu le mode de production.
    Comme nous l’avons expliqué précédemment, l’objet doit être autoproduit ou réalisé en lien avec un artisan, une petite entreprise ou un atelier.
    Le designer qui souhaite vendre sur Grumes doit donc nous proposer un prototype, ou encore une petite série, qui soit crédible sur le marché.
    Nous recherchons donc des objets « malins », où les designers se préoccupent de l’efficacité de leur production et du résultat qu’elles induisent.
    Nous mettons en avant leurs profils à travers la vente de leurs objets. Grumes veut ainsi devenir être un tremplin bénéfique pour ces jeunes designers.

    A terme, quelle offre imaginez-vous?
    Nous souhaitons que Grumes devienne une plateforme de référence dans le domaine de l’autoproduction, sur laquelle chacun peut trouver des produits de qualité à la genèse singulière.
    Ces critères calibreront d’eux-mêmes les productions disponibles à la vente. Nous n’avons donc pas d’objectif chiffré, car nous misons plus sur la qualité des objets proposés que sur leur nombre.
    Grumes est une aventure à échelle humaine, valorisant la pratique artisanale, les savoir-faire et les échanges entre artisans et designers.
    Nous souhaitons conserver ces caractéristiques, qui sont pour nous l’atout de l’offre que nous proposons aux designers mais aussi aux clients de notre plateforme!
    Nous voulons donc devenir un réel carrefour pour ces professionnels, et constituer un réseau d’artisans aux compétences diverses, disposés à accompagner les designers dans la production de leurs projets.
    La distribution sur Internet est un fabuleux moyen d’atteindre un public extrêmement varié et international.
    Nous espérons ainsi, à terme, être en mesure d’assurer une visibilité et une distribution en Europe, voire dans le monde. Mais Grumes est pour l’instant une aventure encore jeune, et nous nous concentrons pour le moment sur la diffusion de l’initiative en France.

    Quel public visez-vous?
    Nous visons deux cibles principales. Dans un premier temps, nous voulons toucher les designers afin d’étoffer l’offre de Grumes, mais nous nous adressons aussi dans le même temps à un public bien plus vaste: Monsieur et Madame Tout-le-monde, les architectes, décorateurs, galeristes… ou toute personne sensible aux démarches mises en avant sur la plateforme et susceptible d’acquérir une des productions proposées à la vente.

    Pour finir, que faut-il vous souhaiter pour les mois et années qui viennent?
    Tout simplement le succès de Grumes, qui serait bénéfique tant aux designers présents sur la plateforme qu’à la promotion de leurs pratiques!
    Plus précisément, dans les mois à venir, notre objectif est de développer notre audience ainsi que notre catalogue d’objets et de designers afin de proposer une offre plus fournie et diversifiée.
    A plus long terme, nous souhaitons également valoriser la pratique de l’autoproduction, afin qu’elle ne soit plus perçue comme une solution de repli mais bien comme une démarche sincère et engagée de la part des designers.
    Grumes et les designers participants à l’aventure seraient alors les ambassadeurs du développement des pratiques de production autonome.

    Pour en savoir plus: grumes.fr.

    Quelques produits distribués à ce jour par Grumes:


    Table Ori en acier laqué plié – Design Etienne Poupelin.


    Porte cartes Kubo – design Guillaume Gorse.


    Horloge Jérôme – design Mélanie Buatois.


    Affiche Patchmare – design Deseo.


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