• Interview de l’Atelier Polyhedre

    Nous interviewons aujourd’hui les deux membres de l’Atelier Polyhedre, un studio de création et de production de céramique. Une démarche qui s’inscrit aux frontières des arts plastiques, des arts décoratifs et du design, orchestrée par Baptiste Ymonet & Vincent Jousseaume.

    Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
    Nous avons tous les deux suivi une formation à l’école des Beaux Arts, à Nantes pour Vincent et à Tours pour Baptiste. C’est à la fin de nos études que nous nous sommes rencontrés et avons commencé à travailler ensemble autour de la céramique. Nous n’avons jamais reçu de formation spécifique à ce médium, ce qui fait peut-être la singularité de l’atelier. Ce sont plutôt des techniques que nous abordons pas à pas en fonction des projets et des envies.

    Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
    Nous sommes actuellement en pleine production suite au salon Maison&Objet de janvier 2017 : C’est un des axes de travail de l’atelier, nous dessinons et produisons l’ensemble des pièces pour une diffusion nationale et internationale, un peu comme une petite manufacture. Sinon, c’est un peu différent du sujet précédent mais complémentaire, nous restons attachés à une approche plus expérimentale avec des périodes spécifiques de recherche. Par exemple, un centre d’art en Bretagne vient de nous passer commande pour une pièce pérenne en extérieure. C’est la première fois que nous sommes confrontés à cette contrainte qui nous intéresse beaucoup. Nous préparons aussi en même temps notre future résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto qui débutera en septembre prochain.

    Combien de personnes compte votre agence?
    Nous sommes deux ! Parfois nous sommes accompagnés par des stagiaires mais c’est plutôt rare. Nous ne souhaitons pas grandir davantage pour le moment. Notamment pour conserver une certaine liberté et flexibilité en fonction des projets divers qui arrivent. C’est parfois beaucoup d’efforts pour arriver aux objectifs visés mais c’est un choix que nous assumons complètement et qui nous convient.

    Quelle est votre méthode de travail habituelle?
    Il n’y a pas vraiment de méthode particulière. D’une certaine manière, le seul point de conjonction est l’usage de la céramique. C’est d’ailleurs pour ça que nous ne nous présentons pas comme des designers, ou bien, s’il s’agit de design, c’est du design à rebours puisque nous partons de la céramique et non d’une problématique associée à des contraintes d’usage, de fabrication et donc de choix de matériaux. Sinon, nous échangeons beaucoup, c’est vraiment la clé, quelques dessins mais rapidement un travail en volume pour exprimer et mettre en place les idées évoquées. Ensuite, nous prenons en charge l’ensemble du processus de production, de la réalisation des prototypes en passant par les moules, le choix des terres, les cuissons et jusqu’à la photographie de la pièce une fois terminée et validée par nous deux.

    Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
    Avant oui, plusieurs. Nous en consultons toujours mais davantage par l’intermédiaire de réseaux sociaux qui permettent une plus grande fluidité et rapidité de navigation d’un site à l’autre. Nous voyons aussi de nombreuses expositions et avons une consommation importante de livres. C’est essentiel pour nous.

    Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
    Oui, indéniablement, et ils sont nombreux. S’il fallait citer quelques noms, on pourrait évoquer Ettore Sottsass, depuis longtemps, mais aussi Isamu Noguchi. Il faudrait aussi citer des céramistes, des mangakas, des architectes… Bref, nous regardons beaucoup autour de nous.

    Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
    Nous avons eu la chance de rencontrer de nombreux contextes de travail et de commandes. Ce que nous aimerions beaucoup aujourd’hui, c’est avoir l’opportunité de réfléchir à un projet plus industriel, disons à plus grande échelle que ce que nous développons au sein de l’atelier. Travailler avec les contraintes d’une équipe et d’outils de production d’une manufacture par exemple et produire un objet spécifique ou une collection qui se nourrira et se déterminera aussi par les processus de sa fabrication.

    De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
    La réalisation d’une pièce, d’un objet usuel, reste et restera toujours aussi captivante. Bien sûr, c’est parfois difficile, il faut du temps et un investissement important à différents niveaux. Mais cela reste une position très forte et enthousiasmante avec un regard accru porté sur le monde et les objets qui le compose, les anciens et ceux qui vont arriver. C’est aussi percevoir notre quotidien à travers des domaines diversifiés, esthétiques, sociologiques, historiques…

    Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
    Une citation, parmi de nombreuses, le livre « La terre » de la collection Savoir et Faire éditée par la Fondation d’entreprise Hermès sous la direction d’Hugues Jacquet. Voilà bientôt dix ans que la céramique est notre quotidien et nous sommes vraiment excités de voir encore à quel point ce matériau est riche de surprises et de développements ! Cet ouvrage l’illustre parfaitement à travers une grande diversité d’approches, de thématiques et de points de vue.

    Quelques créations de l’Atelier Polyhedre

    Lampe Orori

    Pichets Volcapeli

    Soliflore Vaselot

    Vase Uto

    Sur le même thème, retrouvez plus d’interviews de designers en visitant notre catégorie portrait et interview.


    Laisser un commentaire