• L’Objet en question(s): La console Tadaima par A+A Cooren

    La rubrique “L’objet en question(s)” présente des portraits d’objet ou de séries d’objets, par leurs créateurs: l’histoire de leur genèse, leurs contraintes, leurs enjeux… Aujourd’hui c’est le duo de designers Aki et Arnaud Cooren qui nous présente la console Tadaima., et plus généralement leur vision du design et du métier de designer.

    La Revue du Design : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
    Arnaud Cooren : J’ai étudié à la Cambre à Bruxelles, suivi de Saint-Luc à Tournai en espaces urbains, pour finir à l’école Camondo.
    Aki Cooren : Personnellement j’ai grandi à Tokyo, Et je suis venu à Paris faire mes études à l’école Camondo, c’est d’ailleurs là que j’ai rencontré Arnaud.

    LRDD : Pouvez-vous nous dire depuis quand existe votre studio?
    Aki :
    Cela fait 18 ans.

    LRDD : Combien de personnes compte votre agence?
    Arnaud : Nous travaillons tous les deux.

    Console Tadaima d'A+A Cooren pour ClassiCon - Photo ©Elias Hassos

    LRDD : Récemment, vous dévoiliez la console Tadaima pour l’éditeur ClassiCon, pourriez-vous nous décrire votre projet en quelques mots?
    Arnaud :
    C’est une forme sculpturale qui permet de déposer ses petits objets. C’est un vide-poche / console.
    Aki : Et le nom Tadaima Signifie en japonais “je suis rentré”, c’est quelque chose que l’on dit en rentrant chez soi, on ouvre la porte et on dit “Tadaima”; c’est en quelque sorte une formule de politesse courante.

    LRDD : C’est donc un nom très bien choisi pour une console d’entrée! Pourriez-vous nous expliquer comment ce projet vous a-t-il été confié?
    Arnaud :
    C’est une rencontre avec l’éditeur ClassiCon, nous nous sommes vu plusieurs fois à Milan, ils trouvaient notre travail intéressant, nous avons commencé à discuter comme cela. Nous nous sommes accordés pour une typologie, nous leur avons fait une proposition qui a tout de suite retenu leur attention. Ensuite, cela a mis du temps à se mettre en oeuvre car nous étions un petit peu en avance sur les moyens de production, et il fallait que le projet, bien qu’il ne s’agisse pas d’un premier prix, puisse être produit à des coûts abordables, ce qui n’était pas nécessairement le cas au début.

    LRDD : Quels étaient, selon vous, les principales contraintes et les principaux enjeux de ce projet?
    Arnaud : C’est un projet qui est fait à commande numérique en partie et qui est fini à la main, c’est assez complexe car il est réellement conçu en 3d. Il y a quelques années nous savions le faire, mais les coûts de production étaient un peu extravagants, c’était plutôt réservé aux pièces de galeries. Là, nous arrivions au moment où cela devenait possible.

    LRDD : Pourquoi le projet a-t-il, au final, cette forme et ce ou ces matériaux?
    Arnaud : On voulait quelque chose de concave. Le fait de faire un vide poche signifiait faire un objet capable de recevoir, et il se trouve que le fait de rigidifier et de recevoir vont dans le même sens.
    Aki : La forme est venue de la fonction.
    Arnaud : C’était aussi le souhait de créer quelque chose représentant le naturel, sans toutefois le copier. On peut y voir une branche, une feuille, une rame, mais ce seront toujours des choses en rapport avec le vivant ou avec le fluide.

    LRDD : Sur combien de temps s’est déroulé ce projet?
    Arnaud : En fait entre le discussions, le dessin du projet et sa validation, tout s’est passé en un mois. Dans l’année qui un suivi, nous avons créé un prototype, comme nous le faisons sur tous nos projets. Suite à cela il fallut patienter quelques années, avant que les coûts de production arrivent à des niveaux acceptables pour en faire un produit commercialisable. Donc il s’est bien passé 4 ou 5 ans !

    LRDD : Rétrospectivement, et dans la mesure où ce projet a mis du temps à se finaliser, changeriez-vous aujourd’hui quelque chose à votre projet?
    Arnaud : Non rien, nous en ferions peut-être d’autres, mais sur cette version la forme et la fonction dialoguent bien. Nous essayons toujours d’éviter de dessiner des objets à la mode. On essaie de faire des objets pérennes dans le temps, en se référant au thème naturel, nous avons une base qui ne change pas dans le temps. Quelque chose d’universel et d’immuable.

    LRDD : D’une manière plus générale à présent, fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
    Arnaud : Il y en a plein (rire) ! Après, nous essayons de les suivre pour voir où nos objets sont référencés, par contre nous évitons de trop regarder même si nous adorons ça, pour ne pas être trop influencé par le travail des autres. Comme je vous le disais, nous ne souhaitons pas vraiment devenir à la mode! C’est un juste équilibre à trouver.
    Aki : N’en sortir qu’un c’est impossible, il y a en beaucoup, Sightunseen, par exemple.
    Arnaud : Après il y a beaucoup sur instagram, où nous suivons les publications des gens que l’on connaît. C’est un peu comme sur les salons où l’on rencontre d’autres designers de manière informelle pour avoir des discussions. Les blogs permettent au plus grand nombre de partager, et de se tenir informé, mais en général, nous nous intéressons surtout aux gens que l’on connaît, que l’on côtoie, avec qui l’on essaie d’entretenir des relations.

    LRDD : Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
    Arnaud : Il n’y en a pas qu’une ! (rires)
    Aki : Un restaurant cela serait intéressant, personnellement j’adore cuisiner, et dernièrement nous avons travaillé sur un commerce de bouche, un restaurant cela serait bien.

    Slo Focaccia par A+A Cooren - photo ©Gwen Le Bras

    Arnaud : Dans notre travail, nous avons un champs d’intervention ou de typologies qui est assez large, dans le sens où l’on fait et de l’architecture d’intérieur, et du design industriel et du produit de galerie. C’est très large et ce que nous souhaitons réellement c’est de rester ouverts. Nous adorerions travailler avec la grande distribution ou l’industrie, mais dans le même temps faire des choses très spécifiques. On aime bien faire le grand écart. C’est ce qui nous caractérise. Ce qui nous importe c’est le client, le fabricant, le contexte, les gens que l’on rencontre, avec qui on dialogue. Par exemple j’adore la mer, et j’aimerai faire un bateau. Intervenir sur des intérieurs un peu spéciaux, l’intérieur d’un avion, avec de la technique et des contraintes.

    LRDD : Quel conseil donneriez-vous à un jeune designer qui viendrait de se lancer?
    Arnaud : Il n’y en a pas qu’un! Le principal serait surtout de se trouver personnellement, d’avoir sa façon de réfléchir, sa vision. C’est un peu le problème aujourd’hui, C’est devenu une mode alors que ce qui nous importe c’est des créer des choses uniques. Ce métier est intéressant car c’est une approche personnelle mais qui demande de s’ouvrir au plus grand nombre, de dialoguer avec plein de gens. Nous ne sommes pas des artistes !
    Aki : On créé avant tout pour l’autre, il est important de se découvrir soi-même pour savoir ce que l’on a à donner, et de s’ouvrir aux autres pour dialoguer le mieux possible avec les gens.
    Arnaud : Faire pour les gens, c’est le plus important.

    LRDD : Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
    Arnaud et Aki : Alors ce n’est pas nouveau, mais il y a le travail d’Emmanuel Régent que l’on aime beaucoup, le film Beauté Cachée qui est sorti dernièrement.


    Quelques projets d’A+A Cooren :

    Lampe Pokko d'A+A+Cooren pour Bensimon

    Books at home d'A+A Cooren - Photo © A+A Cooren

    Photographies : ©

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