• Regards sur un marché en métamorphose

    Dans le dernier numéro de la revue Espaces contemporains (février/mars 2010), que nous avons évoqué dans un précédent article, nous vous recommandons la lecture de l’article de Magali Prugnard, intitulé « Regards sur un marché en métamorphose ». Celui-ci analyse les équilibres nouveaux qui se mettent en place, au niveau commercial et d’image notamment, entre le design d’éditeur et celui de galerie. Elle interroge également, dans cette perspective, le rôle des salons professionnels quant à la visibilité qu’ils offrent de la discipline, en privilégiant (jusqu’à présent du moins), le design de « grande série ».

    « Au côté des producteurs en grande série émerge en effet un monde de la petite série dont les voix se font de mieux en mieux entendre auprès du public et des médias. Un microcosme qui use de ressources spécifiques et entend bien changer les codes du design existant. »

    Si ces nouveaux équilibres ne concernent évidemment pas les volumes de vente, en termes d’image et de diffusion par contre (par le biais de salons comme celui de Miami, par celui la presse, des salles des ventes…), le design « de galerie » et d’édition limitée, parfois produit directement par les designers eux-mêmes, rencontre un public de plus en plus large.

    Il tend même à s’imposer comme une autre modalité de dialogue possible entre le design et le « grand public » (et bien que les prix pratiqués soient souvent bien supérieurs).

    Ce phénomène est notamment rendu possible grâce au développement d’Internet, et « la toile est devenue un territoire privilégié pour la distribution de créations autoproduites ». Les objets proposés sont certes différents, souvent moins aptes à séduire un large public, mais ils permettent aussi de rencontrer plus fidèlement la réflexion du créateur, sans que celle-ci ait été « déformée » pour être adaptée à un marché de masse.

    Dans la dernière partie de son texte, l’auteur ajoute: « Aujourd’hui, les petites productions viennent perturber les éditeurs, qui ont basé leur stratégie sur une composante sérielle. Non pas économiquement, car il est difficile d’imaginer que les galeries et les ateliers de design puissent un jour faire concurrence aux grands entrepreneurs. Mais plutôt culturellement. L’approche très conceptuelle de ces nouveaux acteurs du marché questionne la pertinence des produits fabriqués en masse. Désormais, ces productions marginales sont considérées comme un terreau fertile grâce auquel pourrait naître le monde matériel de demain ».


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