• Sculpteo

    Par Alexandre Cocco.

    Récemment ouvert au grand public, le site Sculpteo.com propose à chacun de fabriquer des objets à partir de fichiers 3D numériques qu’il aura lui-même réalisés, ou alors sélectionné parmi une bibliothèque existante. Alors, révolution permettant à chacun de se sentir un peu designer, porte ouverte à la copie et au « peer-to-peer 3D », ou nouveau filon commercial?

    « Les particuliers ne peuvent pas produire eux-mêmes leurs objets en 3D. Les machines sont très chères et difficiles à manipuler. Avec notre service, il leur suffit de nous transmettre leurs dessins réalisés avec un logiciel grand public comme Sketchup, et nous nous chargeons de réaliser le produit. Ensuite, nous le leur envoyons par La Poste » commente ainsi Clément Moreau, directeur général de l’entreprise, dans un article paru sur Lefigaro.fr.

    Acceptant la plupart des formats de fichiers des principaux logiciels de 3D, Sculpteo permet aux novices de sélectionner différents modèles qu’ils pourront personnaliser. De leur côté, des designers ou des spécialistes de la conception 3D peuvent également « déposer » leur modèles, et toucher une commission sur chaque reproduction.

    Situé dans la région de Toulouse, l’atelier propose deux technologies différentes, permettant d’obtenir des objets soit monochromes en résine plastique blanche, soit en poudre de sable solidifiée et colorée dans la masse. Il est même possible d’appliquer, pour les impressions en couleur, divers motifs et textures qui viennent se « mapper » sur l’objet, comme dans un logiciel de 3D.

    Composés couche après couche, comme une imprimante traditionnelle qui compose un document ligne après ligne, les objets sont massifs et solides. Seule contrainte: la taille des productions est, pour l’instant, assez limitée (20 x 20 x 30cm environ).

    Si cette technologie d’impression 3D est assez fréquemment employée dans l’industrie et dans le design (voir l’article que nous avions consacré à la lampe Bloom de Patrick Jouin), c’est la première fois qu’elle est rendue accessible au grand public.

    Permettant la pièce unique, ses prix sont automatiquement calculés en fonction de la hauteur finale de l’objet et de la quantité de matière qu’il aura nécessités: de quelques dizaines d’euros pour une petite figurine à près de 700 euros pour un objet d’une trentaine de centimètres de hauteur.

    Objets insolites ou customisés, pièces de rechanges introuvables trouvent ainsi un nouveau mode de production. La matière, suffisamment solide, autorise par ailleurs une assez large diversité d’usages. « Pour que les objets soient solides, leur épaisseur doit être supérieure à 1 ou 2 mm avec la résine plastique et à 3 mm avec la poudre de sable » précise toutefois Clément Moreau.

    L’entreprise envisage même, à l’avenir, d’imprimer en 3D des objets que ses clients auront filmés avec leur caméra ou leur smartphone. D’autres problèmes, concernant le droit d’auteur, pourrait alors se présenter à elle(1).

    Sans présager de l’avenir de l’entreprise, sans porter non plus de jugement esthétique sur les objets pour l’instant produits, son initiative mérite toutefois d’être soulignée, en ce qu’elle témoigne d’un mouvement contemporain du design consistant à rapprocher l’offre de la demande, et à imaginer d’autres voies que le traditionnel circuit designer, éditeur, fabriquant, distributeur, consommateur…

    Source : lefigaro.fr.

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    Notes

    (1) Certains sites Internet tels que Thingiverse ou Reprap proposent déjà d’échanger librement des modèles en 3D, et l’on en trouve également de nombreux sur Sketchup.


    6 commentaires

    1. Marc dit:

      C’est très intéressant, mais pensez-vous qu’il y a de réels débouchés mis à part quelques éditions de toutes petites pièces ?
      Les dimensions techniquement réalisables, mais aussi les prix, me paraissent limiter pour l’instant la portée de cette innovation.

    2. rothring dit:

      Pour les particuliers je ne voit pas trop d’utilite, a part s’amuser a se creer des bustes de soi meme.
      Pour les professionnels non plus, a part si ils ont des prix interessant, car un professionnel connait deja le circuit et sait ou passer commande.

      La tendance va etre aux objets prototypes a la va vite, pourvu que Morabito ne voit pas cela.

      Je ne suis pas convaincue par l’utilite, aussi futile soit elle de ce genre de demarche, pourquoi offrir aux consommateur se moyen de fabrication?

    3. La Revue du Design dit:

      Bonjour Marc et Rothring.

      Je me questionne également sur les débouchés finaux, même si je pense que la question de la hauteur des pièces (et des prix qui en dépendent), peut être contournée en imaginant des objets composés de plusieurs éléments de faible hauteur.

      Pour les particuliers, je pense que l’intérêt existe à partir du moment où le nombre d’objets proposés « sur catalogue » augmente, tout autant que leur qualité… Egalement, on peut imaginer que des personnes maitrisant tel ou tel logiciel de 3D s’essaient à « l’autodesign », et il serait alors intéressant de voir les pièces conçues…

    4. Morgane Geoffroy dit:

      Du visuel au toucher…merci passionnée par le sujet, à très bientôt, Morgane

    5. Mirokatsù dit:

      J’ai vu un reportage, il y a quelques années : Une entreprise US proposait la possibilité d’avoir un modèle 3D de son bébé en stéréolithographie avant sa naissance. C’est possible grâce aux images fournies par l’échographie 4D (reconstruction d’image en 3D). A voir l’engouement des parents, cette entreprise cartonnait….

      Alors, n’est-il de limite dans la 3D que celle de notre imagination ?

    6. Prof Z dit:

      @Mirokatsù
      Question detournée de celle du bac sur les regles de l’art…. limites à l’art ,au design, à la 3D….
      « Alors, n’est-il de limite dans la 3D que celle  » de notre porte monnaie, que la surface de notre appart, de notre désir, les limites ne manquent pas….

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