• Quand designers et chercheurs travaillent ensemble

    Par Clément Gault.

    Les activités respectives du designer et du chercheur sont différentes en soit. Le premier imagine, dessine et conçoit notre quotidien. Le second s’attache à élargir sans cesse le champ des connaissances. Pourtant, les projets réunissant ces deux professions sont de plus en plus courants, et semblent apporter des perspectives nouvelles à ces deux disciplines. Mais qu’en est-il, au quotidien, des pratiques respectives du designer et du chercheur?

    Cette question étant centrale dans mon travail de recherche, questionnant l’articulation entre le design et la science, j’ai rencontré de nombreux designers et chercheurs qui m’ont aidé à y voir plus clair sur ces situations particulières. En voici ici un résumé.

    Lorsque designers et chercheurs ont à travailler ensemble, le premier élément que j’ai pu constater est, d’une manière générale, un rapprochement de leurs pratiques, qui s’observe notamment dans les « ressources de médiation » en jeu (autrement dit, les éléments et documents qui permettent de communiquer). Qu’il s’agisse des croquis ou des maquettes pour les designers, des démonstrateurs ou des manipulations en laboratoire pour les chercheurs, chacun semble rapidement adopter les modes de communication de l’autre et comprendre leur intérêt.

    Un designer industriel, ayant une forte expérience de travail avec les chercheurs, m’a ainsi expliqué le rapport particulier qu’il entretient généralement avec un chercheur: « le chercheur n’est pas un client […] il n’est pas à séduire. Donc lui montrer un produit fini n’aurait aucun sens. » Le designer opère ainsi d’une autre manière vis-à-vis des chercheurs en « leur montr[ant] des réalisations antérieures. Pour qu’ils puissent voir où tout ça peut emmener, dans quel degré de finalisation, de sophistication [le projet] peut aller. » Il apparaît clair que face, à un chercheur, ce designer présente ses recherches formelles et d’usage selon une posture qui le rapproche davantage du chercheur, où le fait de convaincre prime sur la séduction.

    J’ai également observé le mouvement inverse, dans lequel le chercheur prend conscience que le rôle des ressources de médiation est partagé. Un chercheur me rapportait par exemple que durant un projet de collaboration, il avait été amené à manipuler, dans le sens expérimental du terme, des nouveaux matériaux avec les designers, car ces derniers avaient la volonté d’en comprendre la fabrication. Par la suite, il a fait un rapprochement intéressant: selon lui, le travail de croquis du designer apparaissait comme le pendant de ses « manipulations ». Il pointa alors l’aspect fortement itératif qui vise à aboutir à un résultat présentable, non pas pour séduire mais pour prouver et démontrer. Ce chercheur a insisté sur le fait que le designer, dans le cadre des activités collectives auxquelles il a participé, doit lui aussi vérifier la faisabilité de ses idées. En insistant sur le travail de réflexion, ce chercheur a ajouté que « le designer va mettre [son idée] sur papier, nous [les chercheurs] on va la mettre dans nos éprouvettes ou dans nos extrudeurs et faire un test ».

    Ces rapprochements dans les fonctions induits par les ressources de médiations ne vont pas uniquement dans le sens du designer vers le chercheur. Un chercheur en informatique m’a ainsi expliqué qu’en travaillant avec des designers, il avait pris conscience que sa production devait « inspirer, informer, soutenir la démarche du designer et pas du tout s’y suppléer et se substituer à son travail. » De là, il s’est « rendu compte qu’il fallait mieux utiliser les mêmes outils que les designers pour pouvoir bien communiquer avec eux. »

    Le fait que les pratiques des designers et des chercheurs soient d’une manière générale relativement proches n’est pas une nouveauté en soi. C’est en partie pour cette raison que j’ai choisi, dans le cadre de mes recherches, de m’intéresser aux ressources de médiation plutôt qu’aux pratiques.

    En effet, les deux modes de représentation, bien que partiellement similaires, se complètent : les designers tentent de placer les technologies de manière pertinente dans un contexte choisi quand les ingénieurs/chercheurs illustrent leurs limites. La complémentarité entre chercheurs et designers dans les modes de représentation va ainsi de pair avec les apports réciproques aux pratiques de chacun.

    Dans cette optique, un designer m’expliquait qu’il ne souhaitait pas apporter des réponses « fantaisistes ou juste prospectives ou vaguement manifestes » dans son travail. De ce fait, il avouait sans peine qu’il était « très vite en limite de compétence », ce qui le motivait à faire appel à un chercheur. Il identifiait là les limites dans sa pratique: « Je n’ai ni envie, ni intérêt à continuer tout seul. Parce que sinon ça veut dire que je deviens moi-même une sorte de scientifique […] ou à singer une attitude de scientifique. » Ce constat est également partagé par de nombreux chercheurs qui identifient clairement leur apport de cette manière. A titre d’exemple, un chercheur considérait clairement son apport comme une sorte de « caution scientifique ».

    De son côté, le chercheur n’est pas en reste: la mise en contexte opérée par le designer devient un moyen de tester les limites d’une technologie issue d’un laboratoire. Un chercheur en informatique me rapportait par exemple le cas d’un workshop entre son laboratoire et une école de design. L’intérêt pour lui était de « voir en fait quels sont les vrais problèmes, […] les vrais obstacles pour l’utilisation de [ses] outils. » En ce sens, il cherchait à contextualiser ses travaux: « nous [les chercheurs], on développe des outils informatiques mais on ne sait pas finalement comment ça va être utilisé. C’est naturel qu’à travers ce genre d’interaction on ait un feedback pour améliorer nos outils. »

    Les entretiens que j’ai menés ont également décelé que le rapport pouvait parfois s’inverser. Je l’ai davantage constaté du côté du chercheur qui lui aussi se révèle être à son tour en « limite de compétence ». Dans ce type de cas, le designer ne va pas aider à repousser les limites d’une technologie, mais va proposer une mise en contexte particulière qui offrira au chercheur des problématiques jusqu’à alors inédites.

    Un designer témoignait ainsi de son expérience lors d’un projet pour créer des bottes de protection contre les mines antipersonnel. Son hypothèse initiale était de ne pas chercher à résister à l’explosion mais de concevoir une forme qui en dévierait le souffle. Aussi, il a fait appel à des chercheurs d’un laboratoire en balistique « pour qu’ils nous fassent part de leurs connaissances », afin de lui permettre de « valider [ses] hypothèses ». Nous sommes ici dans un rapport classique entre designer et chercheur. Mais il s’est avéré « qu’il y avait très peu de connaissances dans ce domaine, on ne caractérisait pas finalement ce que produisait l’explosion d’une mine. » La question amenée par le designer a intéressé le laboratoire qui « a fini par financer une partie des essais », ce qui a produit des connaissances scientifiques publiées par la suite.

    En définitive, je pense qu’il existe deux cas typiques de rencontre entre des designers et des chercheurs.

    Il y a d’abord celles où le chercheur apporte des connaissances et des nouvelles technologies, et où le designer teste leur validité par contextualisation. Ces initiatives sont généralement ponctuelles, de courte durée et organisées par le croisement des institutions correspondantes (laboratoire de recherche, université, école de design, cabinet de design, centre d’art, etc.).

    On trouve ensuite des projets où une influence des pratiques est à l’œuvre: l’apport du designer vient nourrir le travail du chercheur, et ce dernier envisage différemment ses recherches par l’apport du designer. Ces seconds cas ont la particularité de s’actualiser et de se pérenniser sous de nouvelles formes d’organisations.

    Différents projets comme Variable Environment, à l’origine du laboratoire commun EPFL+ECAL Lab, réunissant l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et l’École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL), commencent à apparaitre. EPFL+ECAL Lab, marquée par « une stratégie pour stimuler des travaux à l’interface entre des disciplines essentielles de l’innovation », est aujourd’hui une des références en la matière. Néanmoins ces organisations favorisant les projets transversaux entre designers et chercheurs ne sont pas encore monnaie courante.

    Pour découvrir le blog de Clément Gault: www.designetrecherche.org.


    23 commentaires

    1. Céline Mougenot dit:

      Tres intéressant. Merci.

      A priori, j’imagine que la comprehension mutuelle entre « designers » et « chercheurs » dépend aussi beaucoup des domaines de spécialité des uns et des autres.

      Les domaines de recherche sont plus ou moins proches de « l’humain », d’un « utilisateur » (ex: chercheur en physique quantique: éloigné vs. chercheur en biomécanique: proche) et j’aurais tendance a penser que ce facteur influence largement la propension a comprendre le langage et les outils des designers.
      Peut-être l’auteur pourrait-il nous dire s’il a pu observer ce genre de différences ?

    2. Phil dit:

      J’ai pas tout lu.
      le designer a besoin d’un chercheur quand le designer n’est pas lui-même un chercheur.
      Qu’est-ce que c’est qu’un designer qui ne cherche pas? Qui ne crée pas? Juste un dessinateur, un graphiste, un infographiste etc…
      Un designer qui cherche pour trouver pourra faire appel a différents services techniques, assistants ….
      le designer qui crée a besoin d’assistants, pas de partenaire.
      Comme l’architecte a besoin de maçons, d’attachées de presse, de techniciens …

      Les chercheurs eux ont besoin de trouver un patron. Pour trouver du boulot. Seul, leur savoir faire n’est pas assez opérationnel.

    3. Slasha dit:

      @ phil: je trouve un peu réducteur de dire qu’un Designer qui ne cherche pas est juste un dessinateur, un graphiste….Comme si le graphiste ne réfléchissait pas quand il travail sur un projet…
      Je pense que le Designer a besoin de partenaires pour être beaucoup plus efficace, il ne détient pas toujours la vérité….

    4. Jun dit:

      @phil C’est assez drôle de penser que le métier d’un chercheur c’est de « chercher » et d’imaginer cette recherche d’une façon comparable à la démarche de recherche d’un designer. Oui le design intègre nécessairement une part de « recherche ». Non cette recherche n’est pas le travail scientifique de chercheur.

    5. Mauro dit:

      Phil, vous avez une étrange idée du métier du designer…
      Est ce que Jonathan Ive est pour vous un designer?
      Et si oui, vous ne croyez pas que chez Apple il travaille à l’intérieur d’une équipe avec notamment aussi beaucoup de chercheurs?
      Le designer sans une entreprise (et donc aussi des collaborateurs/chercheurs), n’est absolument « rien »…
      C’est un artiste, mais ça c’est un autre métier.

    6. nicolas dit:

      Clément, (je te l’ai peut être déjà dit, je ne me souviens plus) je crois qu’il faudra que tu inclus des définitions du terme « rechercher »: dans le language courant et parlé de tous les jours, dans la définition de la recherche scientifique (la définition via l’épistémologie et avec quelques nuances de disciplines), et pour le/les designers (avec les nuances suivant les courant).

      Car je sens qu’il peut y avoir des confusions à ce niveau et pour ne pas comparer « apples and oranges » :)

    7. Phil dit:

      @ Mauro;

      nous avons la même connaissance des choses bien résumée par:
       » Un designer sans entreprise ( et colllaborateurs/chercheur) n’est absolument « rien ».
      Mais les entreprises ne sont pas des soviets ou tout le monde est égal. Et les « chercheurs ne s’y prennent pas pour les maîtres à penser des designers.
      En dehors de l’entreprise, ceux qui écrivent et parlent semblent totalement ignorer les notions de hiérarchie. Qu’il y a des chefs et des techniciens.
      Tous ces « chercheurs-etudiants », en dehors de l’entreprise, croient qu’ils ont des savoirs qui les rendent « divin ». Ils ne savent pas encore, en fait, si ils ont une quelconque utilité, dans un process design.

    8. Phil dit:

      Remarque:
      Pourquoi un designer ne pourrait pas faire de « recherches scientifiques »? « Chercheur scientifique » c’est un ordre? Avec quel genre de conditions d’entrée?

    9. Prof Z dit:

      1/ pourquoi enfermer le designer dans notre quotidien?
      2/ pourquoi enfermer le chercheur dans la science et reduire la connaissance à la science et aux chercheurs?
      3/ designer, chercheur sans oublier inventeur ne sont pas toujours dans 3 champs differents…il faut avoir une approche booléene . Tout cela est beaucoup plus complexe.
      Je me méfie des interviews et en particulier de celles des designers en route vers l’iconnerie médiatique car ils s’attribuent tout et/ ou leur atribue tout. Tous les ans, il faut bien trouver quelques petits génies pour faire des papiers….

    10. nicolas dit:

      @Phil Je ne veux absolument pas dire que les designers ne peuvent pas faire de recherche « scientifique », bien au contraire. Toute cette discussion renvoit justement à un enjeu actuel dans beaucoup d’écoles et universités européennes autour de la recherche en design. Je résume la situation de manière rapide:

      Pour diverses raisons, il y a un injonction actuelle (ou une volonté…) pour des écoles de design (en France je pense, mais je connais mieux la Suisse, l’Angleterre et les Pays-Bas ou l’Allemagne) à « faire de la recherche ». Or pour des raisons assez classiques, faire de la recherche équivaut à produire des publications scientifiques (et pour les instances supérieures à mesurer le nombre et leur qualité…). Comme dans les autres disciplines académiques, ceci a lieu au sein de communautés de pratiques donc puisqu’il doit y avoir relecture critique de ces publications et acceptation/non-acceptation suivant la qualité de la publication proposée.

      Les problèmes qui se posent alors:
      - La communauté de chercheur en design est en cours de formation avec des pays/cultures plus avancées que d’autres (la France moins que l’Allemagne notamment),
      - Qui dit communauté et travaux de recherche dit donc épistémologie normative, vocabulaire commun et méthodologie/techniques communes… sur les « manières de faire » de la recherche en design,
      - La mise en place de ce type d’activité de recherche ne se fait pas sans mal dans un monde (recherche scientifique) où les productions sont essentiellement verbales (articles, communications orales)… qui ne sont pas toujours des vecteurs privilégiés par tous les designers.

      Du coup, il y a différentes manières de voir les choses suivant ce que la ou les communautés entendents par « recherche en design ». Cf les écrits de Alain Findeli sur les 3 catégories:recherche sur le design (ex: histoire du design), recherche pour le design (étude ethnographique pour nourrir une démarche de design) et… recherche par le design. Cette dernière approche visant à montrer que le design en tant que adopte un processus que l’on peut qualifier de « recherche ». Lire à ce sujet « Creasearch – Elaboration de méthodologies et de modèles pour une activité de recherche création basée sur les processus de création en design ou « From Design Research to Theory: Evidence of a Maturing Field » de Jodi Forlizzi, Erik Stolterman and John Zimmerman.

      En résumé, faire de la recherche scientifique, du point de vue des institutions c’est effectivement appartenir à une communauté qui partage des « manières de faire » sur la réalisation et la production de la recherche. Personnellement, je pense qu’il y a toujours une marge de maneuve et que les « conditions d’entrée » sont plus ou moins souples.

    11. phil dit:

      Un Master c’est l’obligation réglementaire d’une thèse écrite pour un jury et un président de jury universitaire. Ils sont tellement fermés que ces règles s’appliquent au design!
      Cela donne et va donner de l’écrit, de l’édition, des journalistes, des salons, le renfermement corporatiste, sans finalité ni production et une recherche non créative et prétentieuse. Couper du monde réel et des entreprises.
      Ils récupèrent le mot « design » mais sont incapables de comprendre les fondements du design. Le design c’est un outil de communication pour entrepreneurs ( le dessin) pour dynamiser l’action, des produits qui existent et réussissent à se faire une place, des entreprises et des clients. Avec des contraintes comme argent, temps, efficacité…que les universitaires-etudiants-chercheurs-fonctionnaires sont incapables de maitriser.

      C’est exacte, bien des écoles ne sont plus, de fait, des écoles de design mais des écoles d’art à l’état gazeux et d’artisanat enrobés avec générosité de beaucoup de verbe à l’état gazeux., mais vaniteux.
      C’est le cas pour l’ensci, les arts déco et toutes ces « écoles d’art et de design ». La puissance du monopole d’état fait encore illusion pour ces « chercheurs » qui de savent pas chercher. Dans ce milieu fermé sur lui-même et stérile le design ne sera plus que ce qu’ils ont déjà fait à l’écrit rien qu’un alignement de lettres qui appauvrissent la pensée et une » pensée sans raison d’être.

    12. phil dit:

      Je pourrais résumer en disant que ces écoles forment des jeunes qui ont envie de chercher, toute leur vie, au chaud.
      Alors que leur formation devrait leur donner l’envie et la capacité de créer des produits sous contraintes.
      Et cette dérive stérile ne sera pas corrigée, en France, par l’esprit anglosaxon.Ainsi nous auront les bricoleurs les plus titrés et les plus bavards du Monde. Cocorico!

    13. Clément dit:

      Merci pour vos commentaires.

      Une petite précision néanmoins : cet article est à la base un article de recherche que j’ai vulgarisé. Je l’ai présenté en juillet dernier à Montréal pour la conférence bisannuelle de la société savante Design Research Society.

      Je confesse en effet que je n’ai pas précisé ce que j’entendais par chercheur dans l’article : il s’agit bien de chercheur au sens académique du terme. J’ai ainsi rencontré des personnes titulaires d’un doctorat ayant travaillé avec des designers. Designer dans le sens francophone du terme, bien entendu.

      Concernant le débat sur le verbe rechercher, Nicolas, tu m’avais déja fait la remarque lors de la relecture de mon article. Associé au design, le verbe rechercher est en effet à comprendre de plusieurs manières :
      - recherche pour le design (recherche de nouveaux materiaux, faire des études de terrain, observations, tendances, etc.) : cette activité de recherche est directement liée à la pratique du designer, c’est un classique travail de veille. En aucun cas ça ne fait du designer un chercheur.
      - recherche sur le design : recherche académique où le design est un élément central. De nombreux travaux existent dans ce sens avec « les partenaires naturelles du design » (A. Findeli) : sciences de gestion, sciences de l’ingénieur, histoire de l’art. Ma thèse se situe clairement dans ce domaine car j’étudie les relations design/recherche selon un éclairage sociologique. Je ne fais pas de design dans ma thèse, je ne produirai rien qui sera en rapport avec le design (pas de proto, pas d’objet, pas de service, etc.).
      - Recherche en design : modèle qui reste à inventer justement et qui serait une recherche académique et universitaire du design. Les enjeux sont déja évoqués par Nicolas, je ne reviendrai donc pas dessus.

      Pour répondre à Céline :

      Je n’ai pas vraiment noté de différences selon la proximité avec « l’humain ». En revanche, les domaines de recherche où ça marche bien je dirais, sont ceux où les chercheurs sont amené à produire un démonstrateur, un artefact (typiquement, les chercheurs en Interaction Homme-Machine, en robotique, en matériaux, etc.).

      Enfin pour répondre à Phil :

      Un designer peut faire de la recherche scientifique, j’en suis la preuve et je ne suis pas le seul et certains ont déja un doctorat. Les conditions ? Habituellement il faut un master recherche, or les école de sdesign délivrent un master professionnel. Néanmoins on peut contourner le problème avec une dérogation. Dans mon cas, il s’agissait d’un stage de fin d’étude non pas dans le design mais dans un laboratoire de recherche, sous la direction d’un chercheur.

      Votre avant-dernière remarque est tout à fait typique. J’ai rencontré dans plusieurs entretiens des designers tenant à peu près les mêmes propos, avançant que le monde universitaire tentait de s’approprier le design et ses compétences. C’est d’ailleurs un constat qui revient régulièrement dans les coopérations entre métiers où chacun voit l’autre comme un adversaire tentant de s’approprier les compétences d’autrui. Je pense surtout que le design est mal compris et perçu par les universitaires, s’imaginant que tout le monde peut devenir designer rapidement. À qui la faute ? Je ne sais pas. Toujours est-il que les designers ont sans doute eux-aussi mis beaucoup de temps à chercher à expliquer leurs démarches, leurs méthodes, leur métiers. (voir cet <a href="http://www.designetrecherche.org/?p=962"article par exemple)

      Enfin, votre jugement sur l’ENSCI et les Arts Déco n’a aucun fondement. L’ENSCI a depuis peu ouvert un laboratoire de recherche tenu par une universitaire qui a un HDR (habilitation à diriger des recherches). Quant au Art Déco, il me semble qu’ils ont aussi un laboratoire de recherche. Certes, il y a encore des écoles de design comme vous le décrivez mais ce n’est sûrement pas du côté de l’ENSCI et des Arts Déco qu’il faut regarder.

    14. La Revue du Design dit:

      Bonjour Phil,
      Je trouve vos propos intéressants mais un peu partisans… Ne pensez-vous pas que des personnes qui viennent d’horizons extérieurs au design, et possédant une certaine culture de la recherche, peuvent également apporter à la discipline?
      N’y a-t-il que les designers qui ont le droit de parler de design, de chercher à en comprendre les ramifications et les implications?
      AC

    15. Clément dit:

      @Phil

      On peut se dire vous ?

    16. phil dit:

      Il y a une différence entre ceux qui veulent apporter quelque chose au design ( merci) et ceux qui écrivent que c’est à eux d’apporter la chaire et l’esprit au design.
      Les invités que se la jouent maître de maison, sont lassants par leur vacuité.
      Oui, je suis partisan. Déformation professionnelle. Un universitaire évite de se mouiller par nature. Ce n’est pas un décideur. Comme souvent le chercheur.
      Le designer s’expose beaucoup, contrairement au chercheur et à l’universitaire de culture.

    17. Prof Z dit:

      Les français sont attachés aux statuts.
      Ce n’est pas le tiroir dans lequel on classe l’auteur supposé qui fait l’intérêt de l’oeuvre .
      Un universitaire, un chercheur, un historien, un journaliste, un blogueur, un professeur, un auteur, un editeur , un industriel, un artisan, un utilisateur, un amateur, un regardeur, un commentateur, un cointributeur, un distributeur… un designeur …. peuvent apporter au design qui n’existe pas uniquement en temps qu’objet produit.

    18. Céline Mougenot dit:

      C’est drôle, les commentaires de certains lecteurs ne peuvent qu’encourager C.G. à poursuivre ses recherches ! ;-)
      Un des bénéfices sera de lutter contre les idées reçues que les designers ont sur les chercheurs. Et réciproquement bien sur ;-)

      Quant aux propos suivants, « Un universitaire évite de se mouiller par nature. Ce n’est pas un décideur. Comme souvent le chercheur. », ils sont sans fondement et donc hors sujet.
      Un universitaire/chercheur n’est certes pas forcement un décideur économique (quoique) mais ca ne veut pas dire qu’il « evite de se mouiller ». Au contraire, etre chercheur, c’est construire sa propre activite avec ses propres objectifs, on « se mouille » au quotidien pour prendre des decisions.

      « Phil »: Ne soyez pas arrogant et agressif, ca ne fera pas avancer le discussion. Merci.

    19. nicolas dit:

      Juste pour préciser mon propos dans les commentaires plus hauts: le portrait que je brosse ne reflète pas nécessairement mon opinion. Je décrivais plus la situation telle que je la ressent, c’est à dire une pression qui vient sur certaines écoles de design (et universités en dehors de France) et qui mène à ces changements.

      Après, effectivement, on peut se poser la question du rôle du designer et des formations là-dedans. Si je décris ces différentes cases, ce n’est pas que j’apprécie de positionner les gens (au contraire, étant donné que j’ai du mal à me définir). Mais c’est simplement qu’au niveau institutionnel c’est ainsi que cela se passe.

      Et au contraire des travaux comme ceux entrepris par l’HEAD à Genève (ceux que je mentionnais dans mon billet) montre bien qu’il est possible de montrer comment la pratique du designer est une forme de recherche (au sens épistémologique). Ce qui témoigne bien du fait qu’une école de design peut avoir des productions de recherche qui ne sont pas uniquement de « l’histoire de… » de la « sociologie de… » mais bien une recherche propre.

      Enfin, par rapport à la question de la formation pour les éléves/étudiants, c’est un autre débat.

    20. phil dit:

      Mon précédent texte a été modéré. Je suppose que mon graphisme (écrit) n’était pas dans les bons codes pour ce blog. j’aurai du m’adapter à votre Maison.
      Quand, à travers vos recherches, vous aurez découvert ce qu’est le design. Vous pourrez entrer dans la phase pratique et faire du design dans une entreprise.
      Bonne chance.

    21. La Revue du Design dit:

      @ Phil: l’adresse email que vous laissez dans vos commentaires ne semble pas être la bonne, car je n’arrive pas à vous joindre dessus. Est-ce volontaire ? Vous pouvez me répondre directement, si vous le souhaitez, aux adresses évoquées dans la page « Contact » de ce site. Merci.
      AC

    22. Jean dit:

      @Céline Mougenot;

      Tu semblerais écrire dans tes recherches qu’il puisse y avoir dans le design une recherche d’émotion et de rapport à la sensibilité. Cela me paraît une vision des plus originales et modernes. Pourrais-tu donner quelques précisions sur les recherches qui ont permis ces découvertes?
      Je suis convaincu qu’un chercheur qui pourrait venir apporter ces genres d’avancées aux designers serait reçu avec tout le respect mérité.

    23. Benoît Millet dit:

      Bonjour, j’arrive un peu tard dans ces commentaires 1000 excuses
      @ Phil, je crois qu’il faut que tu reprenne goût à la curiosité ! Je suis designer, (vieux) diplômé de l’Ensci et une pratique de plus de 20 ans. J’ai choisi de reprendre mes études à 47 ans (tout en bossant – j’ai une agence !) et faire de la recherche en design ce n’est certainement pas pour devenir universitaire ! C’est parce que notre métier change, parce qu’il accompagne les mutations de notre société et que la recherche est nécessaire au design.
      Oui la pratique du design est une forme de recherche, mais faire avancer notre pratique c’est aussi réfléchir sur celle-ci !

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