• Interview: Xavier Evrard

    Nous interviewons aujourd’hui le designer Xavier Evrard, de l’agence evrard&devinastdesign.

    Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre formation et votre parcours professionnel?
    Après une formation technique puis artistique – DUT Génie mécanique puis Beaux-Arts de Nancy – je suis sorti diplômé en 1997 de l’ESDI, section design produit. Mon associé, Richard, a quant à lui été formé à l’ENSAAMA, où il a effectué DSAA design produit qu’il a conclu par le Janus de l’Etudiant.
    Il intègre alors l’agence Tortel Design, que je rejoins un peu plus tard (après être passé par l’agence Cobalt Design où j’ai été en charge du packaging volume). Nous collaborons alors avec Michel Tortel, sur des projets de mobilier pour Strafor, luminaire pour Artemide, cartables pour Lafuma, bouquets de services pour la RATP ou encore gamme de téléphones pour France Telecom.
    Après plusieurs années de collaboration, nous décidons de quitter Tortel Design pour nous associer et former, en 2001 à Paris, notre propre studio de création, evrard&devinastdesign.
    Nous avons travaillé durant 8 ans à Paris puis, en 2009, j’ai choisi de quitter la capitale pour m’installer à Annecy, Richard restant à Paris. Depuis, on poursuit l’activité du studio en conjuguant le bouillonnement créatif de Paris avec la fraîcheur et le souffle d’Annecy et de sa région.
    J‘interviens également sur des workshops à Strate College Designers et Richard enseigne le design en BTS design produit à l’ENSAAMA.

    Sur quel(s) sujet(s) travaillez-vous en ce moment?
    Nos domaines d’intervention sont multiples. Cela va du design produit, de commande, au design d’édition (mobilier, luminaire) en passant par le packaging volume. En ce moment nous travaillons, entre autres, sur une gamme de mobilier contemporain pour un fabricant français, sur une recherche packaging prospective pour Yves Saint Laurent et sur un projet intitulé «Domestic Tools». Il s’agit d’un ensemble d’outils issus d’une réflexion sur les usages et pratiques dans l’univers domestique et mêlant donc usages et fonctionnalités, mais traités avec légèreté et poésie.

    Combien de personnes compte votre agence?
    Nous sommes deux, mais l’équipe s’enrichit de compétences externes selon les projets.

    Quelle est votre méthode de travail habituelle?
    La démarche est souvent la même, que l’on réponde à une commande ou que l’on initie une réflexion en interne. Cela passe nécessairement par une phase d’analyse en amont où l’on confronte la demande aux contraintes et au contexte du projet. Nous entamons ensuite les recherches à proprement parler puis, en phase d’avant-projet, nous réalisons des maquettes d’études à échelle réduite. A ce stade, le recours à la maquette est essentiel car il soulève des questions que les vues en 3D réalisées sur informatique ne révèlent pas toujours. Ensuite, nous passons aux maquettes formelles échelle 1 et modélisation 3D pour valider l’architecture, les proportions et les assemblages, en parallèle avec le développement technique.

    Fréquentez-vous les blogs et sites Internet consacrés au design, et si oui lesquels?
    Nous ne consultons que quelques sites consacrés au design, les seuls pertinents à notre sens: le blog de Nicolas Minvielle (La stratégie du design – www.design-blog.info/), très intéressant car la pratique du design est vue sous l’angle du marketing, le site de Gérard Caron (Admirabledesign – www.admirabledesign.com/) très riche en infos et analyses sur le packaging, le site de Stephane Vial (www.reduplikation.net) et La Revue du Design pour la pertinence de l’actu et de ses brèves.

    Y a-t-il un ou plusieurs designers, ou créateurs, qui vous inspirent au quotidien?
    Notre inspiration ne vient pas de designers ou de créateurs même si nous apprécions le travail de certains designers comme Alberto Meda, Sam Hecht ou Yves Behar, qui se situent à la frontière du design produit, du design industriel et du design d’édition.
    Notre inspiration, dans le sens de l’idée qui pousse à la création et non pas de l’influence artistique, vient, selon le projet, de l’individu, de ses besoins et de ses comportements, des usages ou de l’entreprise, ses valeurs et son savoir-faire. En revanche, l’influence, ou plutôt les influences, peuvent venir de l’art contemporain, de la mode, de l’architecture ou encore des technologies.

    S’il y avait une chose à changer dans le design?
    Il y a, à mon sens, aujourd’hui une réelle évolution de notre métier entraînant l’émergence de nouvelles typologies étroitement liées mais bien différentes! Il y a peut-être trop d’écoles de design mais elles sont surtout mono-formatives c’est-à-dire qu’elles ne proposent pas de cursus suffisamment différents pour répondre à «l’éclatement» du métier de designer.
    Le designer industriel n’est pas un designer de mobilier contemporain ou d’édition, il ne s’agit pas de créer une hiérarchie ou d’affirmer la prédominance d’une catégorie sur l’autre, mais de définir un nouveau paysage du design où la segmentation doit maximiser les compétences. Et il ne s’agit pas non plus d’interdire les passerelles!
    Depuis quelques années, trop de diplômés arrivent sur le marché du travail à compétences équivalentes. Cela laisse pas mal d’étudiants sur le carreau et, même si les formations sont de plus en plus pointues et adaptées, certains secteurs d’activité peinent à trouver le bon designer partenaire.

    Quelle est la commande que vous aimeriez vous voire confier?
    Une réflexion ouverte, très en amont, sur un nouveau moyen de transport urbain, individuel et propre, totalement déconnecté de l’archétype de l’automobile… (lorsque l’on sait que la vitesse moyenne d’une voiture en ville oscille entre 15 et 20 km/h suivant les agglomérations!)

    De votre point de vue, le métier de designer est-il enviable aujourd’hui?
    C’est un métier intéressant, car il demande des compétences multiples en créativité, en technologie, en communication, en sociologie, et parfois en gestion et management, le designer devant se positionner comme un chef d’orchestre et connaître le langage de ses interlocuteurs. Par contre, pour de nombreux designers, il n’est, aujourd’hui, pas forcément enviable financièrement.

    Pour finir, un livre, un site Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous?
    A découvrir, le travail du créateur de mode Hussein Chalayan, dont une exposition s’est déroulée il y a quelques semaines au Musée des Arts Décoratifs à Paris.

    Quelques travaux de l’agence evrard&devinastdesign:


    Fauteuil Lib&lul pour le VIA.


    Gamme Coppertone pour Shering Plough.

    Lunette technologique Eyetop 2A  pour Eyeneo.


    Mobilier d’appoint pour enfant Minim’home.


    Mobilier d’appoint Zorig’ami.


    Sac &MOI pour Axson.


    Tricycle Bubble pour  Taiwan Bicycle Industry R&D.


    Vide poche numérique Nestor.

    Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de l’agence www.evrardetdevinast.com.


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