• L’exposition Inspired by nature, au Lieu du Design

    Par Clément Gault.

    Le Lieu du Design accueille jusqu’au 29 mai l’exposition Inspired by Nature. Pour des raisons que j’ignore, le titre de l’expo est en anglais. Celle-ci regroupe une collection d’une cinquantaine de matériaux et de technologies inspirés par Dame Nature. Classée sous plusieurs thèmes; “imitation, agro-matériaux et biomimétisme”; l’exposition offre un panorama assez divers et représentatif de ce que peut donner la rencontre du design et une partie de la science.

    Néanmoins, j’ai trouvé le manifeste à l’entrée de la salle d’exposition assez troublant :

    L’Homme a consacré beaucoup de temps à se détacher de son environnement, à s’en protéger, à le dompter même. Il se rend compte aujourd’hui que la Nature est fragile et qu’il en fait partie prenante, mais surtout qu’il aurait beaucoup à apprendre s’il savait observer attentivement. En effet, la Nature compose avec très peu de moyens, elle recycle tout, elle est d’une efficacité énergétique extraordinaire, elle parie sur la diversité et les ressources locales. La Nature fait également preuve d’une intelligence assez déconcertante et apparaît aujourd’hui comme l’exemple même d’une industrie ayant parfaitement maîtrisé un durable développement.

    Introduire par une sorte de mea culpa cet évènement me semble tout à fait approprié et permet dès le début de rappeler qu’en définitif, l’Homme n’invente rien mais passe son temps à imiter la nature.

    Le terme “dompter” prend véritablement sens ici dans la mesure où il implique les travers de cette imitation de la nature, allant ainsi jusqu’à une forme de braconnage, ignorant de fait les effets en retour sur celle-ci. Les deux mots reliés par la graphie en italique, “intelligence” et “industrie”, impliquent d’ailleurs la marche à suivre pour la suite. L’avenir industriel se devrait alors de prendre en compte “l’intelligence” de la nature, un point de vue au demeurant très écologique et dans l’air du temps auquel je ne peux que adhérer.

    En réalité le trouble provient davantage du télescopage avec la scénographie. Réalisée par Chezfacile*design, je la trouve à titre purement subjectif relativement “facile”.

    En effet, présenter les projets sur des paillasses de chimiste avec des illustrations soignées faisant pensée à des dessins d’illustrations d’antan, genre vieux livre de médecine, relève selon moi du cliché. Certes, on peut tout à fait m’objecter que tout cliché se base sur une réalité initiale; un jeu de déformation et d’exagération établissant par la suite le cliché.

    Mais ce n’est pas tant ce cliché qui me gène mais le fait qu’il dessert complètement la volonté de l’exposition. Il y a comme une sorte de non-sens d’utiliser le cliché du laboratoire et de son chercheur en blouse blanche, et de fait l’image négative qu’il véhicule et qui est dénoncé en préambule à l’exposition, pour défendre une nouvelle considération de la science à la lumière de l’apport des designers. La scénographie contredit complètement le message recherché : l’univers complètement aseptisé se détache totalement de l’environnement et de la Nature.

    L’impression donnée selon moi est que comme toujours, la Nature est au service de l’Homme. Le propos de l’exposition était pourtant de dépasser cette domination, la nature ne devant plus être domptée. Pourtant, la plupart des projets étaient par exemple sous une espèce de cloche en verre.

    Clément Gault a également publié cet article sur son blog, intitulé Design et Recherche.


    8 commentaires

    1. Prof Z dit:

      …..la culture ne tient qu’à un fil….
      http://www.lintermede.com/exposition-inspired-by-nature-le-lieu-du-design.php
      Bravo à Etienne Bauchet Assistant Design Project Manager
      SAGUEZ & PARTNERS pour cet article qui met les dessins sur la paillasse à leur juste place . Celle des valeurs de réassurance et non de la communiçation et du design de l’attention que Clément Gault dénoncent dans un autre article sur le vent starckien du « Dieu » du design…
      Les dessins font simplement l’éloge de la main, de l’humain, de la chair, du geste c’est à dire d’une autre intelligence que cette souvent désincarnée de la sciences , de la chaire professorale et des chercheurs de néologismes savants. D’ailleurs, Leonard de Vinci n’est pas si loin de nous. Il suffit de le chercher dans les jardins du Clos Lucé ou dans les livres . On est aujourd’hui à la (re) Renaissance.

    2. waldezign dit:

      Tout à fait d’accord avec l’article de Clément Gault. Non seulement c’est très cliché et en opposition avec la philosophie initiale du projet, et de plus, c’est moche.

    3. Prof Z dit:

      Pour aller plus loin video du Ted de Janine Benyus…. mettre dans le menu deroulant les sous titre en français pour éviter les faux sens, les contre sens, les non sens de la fausse simplexité de nos ORAcles du design français….

      C’est un domaine complexe que peu de nos stars designers les plus décomplexés, nos « genius designers »(expression de Frechin?), de nos « fashion leaders »
      ( expression de Minvieille?) et même nos starchitectes planétaires ne visitent vraiment …

      Même celui que la presse présente comme le Docteur du design ( Lehanneur)
      et surtout pas le Dieu du design (Starck) qui pourtant se vante(?) de ne lire que des revues scientifiques…

      http://www.ted.com/talks/janine_benyus_shares_nature_s_designs.html

    4. Prof Z dit:

      J’utilise souvent la methode du demontage pour visiter un objet,une expo ou une deco. Elle suit la methode de l’image instantanée utilisée aussi par Fabio Novembre dans son blog d’images ….

      Pour le recréer, le revisiter , je conseille la methode de la décomposition-recomposition de Mageli qui n’en est que la suite logique pour tout bricoleur ou designer decorateur amateur ou pro

      Méthode pour revisiter le style d’un objet : la décomposition-recomposition.
      http://magelidesign.blogspot.com/

    5. Prof Z dit:

      le contexte: c’est apporter de l’humain dans un monde numérisé, robotisé , piloté à distance par des machines et des écrans avec un homme lobotisé, controlé surveillé, manipulé, etiquetté, un monde de sciences qui font peur à beaucoup…

      Cet article rédigé par Zoé Colley-Meyer de Nantes atlantique , école de design dans le cadre du cours d’Expression écrite en P3, année 2009-2010 est sur le-role-du-dessin-manuel-et-du-numerique-dans-le-processus-actuel-du-design/ suite à l’expo eloge de la main

      http://lettres.lecolededesign.com/2010/03/03/le-role-du-dessin-manuel-et-du-numerique-dans-le-processus-actuel-du-design/

    6. Prof Z dit:

      Les objets designés tournent comme dans beaucoup d’expos parisiennes autour de quelques Ensci dont Lehanneur .
      Studio Lo présente dans son blog l’esthétique de Lehanneur comme étant celle de l’ostentation, ce qui l’éloigne donc de la nature et le rapproche de la nature humaine de l’ego designer, du genius designer, du fashion designer, du designer signature du designer marque y compris le très isolé et décrié (Ora Ito, lui, se positionne ouvertement comme directeur artistique des marque de luxe)…
      Ainsi est réduit le chemin qui sépare « son oeuvre » inspirée par les sciences et le marché du luxe qui il fait faire des vitrines, des installations, de Hermes à LVMH en passant par Miyaké etc…

      http://lestudioblog.blogspot.com/2008/04/mathieu-lehanneur-scnariste-du-possible.html

    7. Prof Z dit:

      Vous faites une critique de détail. Après une visite, j’en fais une critique structurelle. Cette grande paillasse qui aligne les matières sans table des matières claire est une mauvaise approche muséale et pas pédagogique du tout…
      Avec pour “objets designés” (c’est le terme du communiqué de presse), tout autour de la salle, l’électromenager de Lehanneur (pas bien dessiné, bien fabriqué) qui ne donne même pas une respiration à cet ensemble touffu… et sur la paillasse au milieu des échantillons, un Bellet avec une brindille sans explication… Il faut d’abord trouver ce lieu sans signalétique rue, sans signalétique cours, et ensuite nager entre des matériaux pendant que les hôtesses papotent (de la nature ?)…

      Je voulais aller voir Jouin au Centre Pompidou, un billet groupé pour tout le centre, non merci puis Normal Studio un billet groupé, non merci… Finalement, je suis allé en face du Moma français (sic) voir “le bonheur est dans le design” du centre de Wallonie Bruxelles à Paris, avec une expo de la collection de design du Grand Hornu soutenu par la province belge du Hainaut. Accueil charmant, convivial, scénographie claire de Winston Spriet… on est ailleurs…

      Ce n’est pas de la science fiction , c’est la réalité parisienne dans le mauvais sens du terme, entre le lieu, le via et la cité du design…

      “Le secret de la supériorité intellectuelle étant l’esprit critique et l’indépendance d’esprit, il en résulte des difficultés insurmontables pour toute forme d’autoritarisme, car l’autoritariste choisit en général des êtres dociles et malléables et, par conséquent, des médiocres. Il ne peut admettre que ceux qui ont le courage intellectuel de contester son pouvoir puissent être les meilleurs. ” Karl Popper, philosophe des sciences

    8. Prof Z dit:

      video
      http://www.lelieududesign.com/actus/223

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