• Fight mediocrity?

    Par Alexandre Cocco.

    La marque automobile Subaru vient de mettre en ligne une série de petites vidéos sur la thématique de la “médiocrité”, censée démontrée la manière dont le consommateur moyen perçoit l’acte d’achat d’une voiture, moyenne elle aussi. Son objectif: mettre en valeur, par contraste, le nouveau modèle de la Subaru Legacy.

    Les quelques vidéos accessibles en ligne, sur le site spécifiquement créé à l’occasion (www.2011mediocrity.com), sont, avouons-le, assez amusantes et plutôt bien réalisées.

    Essentiellement “beiges” (une couleur passe-partout censée démontrer un manque évident d’originalité), elles dévoilent, autour d’un modèle fictif de voiture “banale”, différents commentaires de personnes étant censées avoir participé au projet (notamment un succulent designer).

    Outre le fait qu’on rêverait presque qu’une marque en fasse autant pour un modèle réel, cette campagne en dit long sur la manière dont le rôle du design est perçu par les “communicants”: principalement centré sur les performances techniques et l’apparence.

    Cela soulève également quelques questions (d’autant plus qu’il reste à prouver que le modèle de Legacy présenté à la suite de ces vidéos soit plus intéressant ou plus novateur que la voiture “banale”…). Car qu’attend-on réellement des voitures aujourd’hui? Peut-on encore les réduire à la recherche de sensations fortes, de performances techniques et de faire-valoir social?

    Et on en vient presque, du coup, à se demander si au final l’avenir de l’automobile ne serait, justement pas, de chercher à être parfois un peu plus “beige”?

    Images: Vues du site Internet 2011mediocrity.com © Subaru.

    Cet article est également paru, dans une version plus longue, dans le magazine d’A numéro 196. En complément, nous vous recommandons également la lecture de l’article Du muscle et des chromes, les avatars du styles dans l’automobile, rédigé par Gérard Monnier et publié il y a quelques mois sur ce site.


    9 commentaires

    1. megaprosper dit:

      Excellent article, excellentes réflexions, merci.
      « Mediocrity » on pourrait remplacer ça par « Dacia », ça marcherait exactement pareil.
      En tous cas, la marque Mediocrity, dont se gausse Subaru, possède quelque chose que Subaru n’aura jamais : une identité propre.

    2. waldezign dit:

      ça c’est très drôle, Subaru incarnant pour moi un des meilleurs représentant du design « beige » (cette expression résume pas mal de concepts, finalement).
      De l’auto-dérision instrumentalisé? Une amplification de résistance? Ok, notre nouvelle auto est super transparente, alors on va communiquer là-dessus?

    3. megaprosper dit:

      Ou alors c’est la méthode coué?
      On n’est pas médiocres on n’est pas médiocres on n’est pas médiocres

    4. La Revue du Design dit:

      :)

    5. waldezign dit:

      très bonne méthode :)

    6. alain dit:

      Faire compliqué, c’est rarement une bonne méthode pour l’annonceur. Mais beaucoup plus valorisant pour l’agence. Dans les agences il y a souvent des personnels qui pense que faire compliqué c’est intelligent.

    7. maupado dit:

      provoc à deux balles: le design, en matière d’automobile, c’est invisible. (le bouclier de la R5, le concept de monospace, ou plus récemment la poignée de la porte arrière de l’Alfa …)
      Ce qu’on voit, c’est le style. Et là, les patrons, c’est pas les stylistes, à qui on laisse les « concepts » amuse-gogo à ronger et à afficher sur les murs des « bureaux de style », c’est les commerciaux (suite de la provoc). Qu’on ne vienne pas nous parler de design de la Mini, de la New Beetle, ou de la DS 3: foutaises serviles sur-dessinées.
      Les seules vraies caisses stylistiquement renversantes, voire seulement intéressantes à regarder, et que d’ailleurs, tout le monde regarde, même sans rien y connaître, c’est les mêmes depuis très longtemps:
      C’est Porsche et surtout, c’est Ferrari, le reste, ça vaut pas un clou.
      Alors Subaru, beige? au moins fait pas semblant de faire de belles voitures, n’ayant pas les moyens du style.
      Dacia, c’est parfaitement marqueté et carrément abject: le pauvre ne doit pas avoir accès au standard stylistique du moment, la voiture du pauvre doit être perçue par tous comme laide.

    8. waldezign dit:

      Maupado est volontairement provoquant, mais n’a pas complètement raison.
      Le fait est que l’essentiel du design du véhicule (la silhouette) n’est pas dû au designers automobiles (qu’on appelle souvent stylistes), mais plutôt aux architectes. Une BMW ne peut pas ressembler à une Citroën: l’implantation du moteur et de la boîte de vitesse, ainsi que le mode de transmission sont à l’opposé, difficile d’obtenir la même silhouette au final.
      Les stylistes sont alors confinés au design graphique du véhicule (répartition des surfaces vitrées, forme des phares, légers reliefs sur la carrosserie, etc…). L’essentiel du style se trouve donc pour la plupart des véhicules, dans ces détails, qui font pourtant parfois la différence, tous les stylistes n’ayant, heureusement, pas le même talent (qui peut sérieusement comparer la SEAT Leon avec la VW Golf V, qui pourtant partageaient la même plateforme?)
      Ensuite, il y a un autre domaine, le design (automobile) intérieur, mais je ne suis pas expert en ce domaine.

    9. phil dit:

      Tu pourrais nous donner quelques noms d’architectes parmi les 120 designers de chez Renault, en France? Et le nom de l’architecte qui aurait remplacé Le Quement chez Renault?
      Tes affirmations, semblent pour moi dater de 20 à 30 ans. Pour dire cela ne viendrais-tu pas d’une école publique?

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