• Mathilde Brétillot explore le monde de l’enfance pour Collégien

    Par Elodie Palasse-Leroux.

    En recueillant les propos de la designer Mathilde Brétillot et de Chantal Marie, responsable marketing de Guille/Collégien, on n’en doute pas: la collaboration s’est averée aussi fructueuse que plaisante. Parmi les exercices imposés par le programme Tech&Design, le travail du binôme formé par le R3iLab est un autre exemple de réussite.

    Mathilde Brétillot: “prendre le contre-pied au jouet d’éveil”

    Dès sa première visite chez Collégien, non loin de Toulouse, Mathilde Brétillot évalue les contraintes techniques: “Collégien fabrique des tubes de maille, d’un diamètre maximum de 15cm.

    La marque est une spécialiste du chaussant (chaussettes, collants et bas) et plus particulièrement du tricotage circulaire. C’est à partir de ce savoir-faire spécifique qu’il fallait décliner la notion d’innovation immatérielle intrinsèque au projet du R3iLab”. Un défi qui revêt un petit gout d’inédit pour Mathilde Brétillot, pas franchement familière du monde de l’enfance.

    Mais pour cette inclassable designer, qui a fourbi ses armes auprès de Starck (Christophe Pillet la classe parmi les supposés “Petits enfants de Starck”) ou de Ross Lovegrove, professant sa philosophie à l’ESAD de Reims ou auprès de ses élèves de l’école Camondo, rien d’impossible.

    Plus de 7 millions de chaussettes sortent chaque année de l’usine de Briatexte, mais le produit-phare de Collégien, c’est son fameux “chausson-chaussette”: la famille Guille l’invente en 1947, ayant l’idée d’injecter une semelle en caoutchouc souple sur une chaussette.

    En 2006, Collégien relance le produit, remis au goût du jour, avec succès. Le chausson est distribué dans des concept-stores spécialisés dans la décoration et des petits accessoires: Mathilde Brétillot et Chantal Marie décident de profiter du réseau déjà mis en place, et la designer propose donc d’explorer le monde de l’enfance, en prenant “le contre-pied au jouet d’éveil: il y en a toujours trop, c’est encombrant, peu pratique. Je voulais quelque chose qui soit escamotable et s’insère complètement dans l’univers de la maison. Apporter le souple dans la sphère du petit mobilier, avec un côté “maison joyeuse / maison rangée”, grâce aux baluchons qui peuvent s’emplir de menus objets, se fermer, se transformer en poufs…”

    Chantal Marie évoque la deuxième visite de Mathilde Brétillot, “déterminée, visionnaire et efficace: elle est arrivée avec ses croquis sous le bras, elle savait exactement dans quelle direction elle partait. Ravis et séduits, nous avons suggéré quelques modifications en fonction des contraintes techniques, puis les premiers prototypes ont rapidement pris forme.”

    Aux tapis Kid Nap et Big Nap, aux paniers Pick Up, Hold Up et Pop Up viennent s’ajouter d’étonnantes poupées nommées Zombies, ou Tricks. “Mathilde Brétillot s’était amusée de nos chaussons pour enfants décorés de petits visages, et a eu l’idée d’en faire de petites marionnettes, que les enfants pourraient coordonner à leurs chaussons.” Réalisées à partir des cônes de carton qu’on trouve au cœur des bobines de fil, une fois évidées, les petites effigies sont une brillante leçon d’upcycling à elles seules: leur garnissage provient de la “bourre” obtenue en grattant la matière polaire (une étape nécessaire pour obtenir le fini moelleux de cette matière), habituellement jetée.

    “Une attente républicaine dans la mission du designer”

    L’histoire de Guille fait la fierté de la petite ville de Briatexte, dans le Tarn. Plusieurs générations se sont succédées à la tête de l’entreprise, qui compte actuellement plus de 200 employés et réalise 40% de son chiffre d’affaires à l’export.

    “Ni sous-traitance, ni négoce, insiste Chantal Marie. Nous fabriquons tout en France, et resterons fidèles à notre éthique.” A l’heure actuelle, cela prend des tournures de gageure. “Le fait que ce projet du R3iLab soit soutenu par les pouvoirs publics me semble très significatif: ils sont sensibles à cette philosophie, encouragent cette éthique. On se sent portés, encouragés: c’est important.”

    Mathilde Brétillot apprécie elle aussi le soutien apporté par le ministère de l’industrie.

    “Cette aide substantielle désenclave le designer et l’industriel, à un certain degré, des angoisses d’investissement. Il y a là, finalement, une sorte “d’attente républicaine”, et l’on se sent en sécurité. Sachant que l’étude de faisabilité sera réalisée (analyse, réflexion, cela peut parfois prendre jusqu’à trois ans), on peut relever le challenge avec plus de facilité. C’est un vrai luxe, une étape cruciale.”

    En attendant que soit réalisée cette étude, et dans l’espoir de trouver un jour ces drôles de petits meubles-jouets en rayon, Collégien distribuera très prochainement une collection de chaussons signée Mathilde Brétillot. “Il s’agit d’un échange, entre le designer et l’industriel. mais il ne faut pas perdre de vue l’objectif: rendre, en fin de compte, service au consommateur final”.

    Elodie Palasse-Leroux, journaliste, est également rédactrice de Sleek design.

    >>> Si le sujet vous intéresse, vous pouvez consulter les autres articles que nous avons consacrés à l’exposition Tech & Design.

    Quelques images du projet:



    1 commentaire

    1. Mathilde Brétillot secoue le design de mobilier pour enfants dit:

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