• L’objet en question(s) : la table Barry par Alain Gilles

    La rubrique “L’objet en question(s)” présente des portraits d’objet ou de séries d’objets, par leurs créateurs : l’histoire de leur genèse, leurs contraintes, leurs enjeux… Aujourd’hui, c’est le designer belge Alain Gilles qui nous fait le plaisir de nous présenter la table « Barry ». Une superbe création qui joue avec nos perceptions visuelles, puisque cette table paraîtra plus massive ou plus légère selon l’angle sous lequel on l’observe. Interview :Pourriez-vous nous décrire votre projet en quelques mots ?
    La table Barry que nous avons désigné pour la marque italienne Miniforms est une collection de grande table qui peuvent être utilisée comme table à manger ou bureau.

    Comment ce projet vous a-t-il été confié ?
    Comme un certain nombre de projets qui sortent du studio, à la base c’est un projet que nous avons initié nous-même dans le but de le présenter à des éditeurs potentiels. Ce genre de projets sont des recherches conceptuelles que l’on fait de notre côté et que l’on propose si on est content du résultat et qu’on croit en la viabilité du projet. D’un point de vue purement technique, la difficulté de la table était de faire en sorte qu’elle soit stable alors que les pieds sont composés de plaque de métal découpées, cintrées et surtout seul élément soudé après les grands arrondis sur le haut, donc sur une très petite surface. Le projet est un peu construit comme un château de carte… qui néanmoins se doit d’être très résistant.

    Quel était votre concept ou votre idée de départ ?
    Créer une table utilisant très peu de matière tout en jouant sur le poids et la perception visuelle que celle-ci peut avoir en fonction de l’angle de vue. Une perception changeante, avec en quelque sorte une impression d’instabilité.

    Pourquoi le projet a-t-il, au final, cette forme et ce ou ces matériaux ?
    La forme du projet vient de sa logique, mais également de cette économie de moyen. A la base, la tablette de la table avait été pensée pour soit être en bois, soit en marbre. Le marbre a finalement été remplacé par un terrazzo de marbres vénitien avec des grand morceaux très graphiques ce qui donne vraiment bien mais a été une proposition de Miniforms.

    Qui étaient vos interlocuteurs chez votre client, et avec qui avez-vous du collaborer ?
    Chez Miniforms, je discute toujours directement avec Mario, un des trois frères qui gére cette société familiale italienne et qui s’occupe plus particulièrement des relations avec les designers et du développement des produits qui se fait très largement en interne. La production du terrazzo est sous-traitée pas très loin de chez eux chez un spécialiste vénitien du Terrazzo.  L’origine historique du terrazzo étant la région de Venise.

    Au total, combien de personnes ont travaillé sur ce projet ?
    Chez nous, au studio, on a été trois à travailler dessus :  design, premier développement technique, plans, rendus 3D.  En Italie, je suppose qu’il y a dû y avoir environ quatre à cinq personnes impliquées dans le développement du projet en interne et en externe chez les sous-traitants.

    Quelles sont les difficultés que vous avez éventuellement rencontrées sur ce projet, et comment les avez-vous contournées ?
    La seule vraie difficulté du projet était sa rigidité structurelle. On jouait quand même avec certaines limites techniques. L’épaisseur de la plaque métallique cintrée constituant le piétement a été légèrement augmentée, ce qui ne se ressent d’ailleurs pas puisque par rapport à la table dans son ensemble la tranche du métal parait encore très fine. Un petit renfort technique très discret a également été rajouté sous la tablette pour qu’avec le temps celle-ci ne se déforme pas.

    Sur combien de temps s’est déroulé ce projet ?
    A partir du moment où le design de base avait été réalisé, et une fois l’éditeur trouvé, il a dû falloir un peu plus de cinq mois pour que le projet voit le jour et qu’il soit présenté à Milan en avril. En général, après cette première présentation quelques ajustements techniques sont parfois encore apportés au projet avant qu’il n’entre véritablement en production et ne soit disponible en magasin vers septembre/octobre.

    Rétrospectivement, changeriez-vous aujourd’hui quelque chose à votre projet ?
    C’est un projet dont le développement a été très fluide. Tout au long du développement Miniforms a toujours réussi à conserver ce qu’on appelle en anglais le « design intent », la pureté du concept de départ.

    Et pour finir, où en est ce projet ?
    De manière assez surprenante, le projet a tout de suite plu et trouver son marché. Je dirais d’ailleurs que pour un projet d’édition il a très vite été intégré à des projets. Les gens semblent vraiment très réceptifs à la table, et je dois dire que Miniforms a vraiment fait un très beau travail. Je suis ravi du résultat !

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    La Revue du Design remercie chaleureusement Alain Gilles pour sa gentillesse et sa disponibilité !

    Pour découvrir plus de travaux d’Alain Gilles, visitez son site internet.

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