• Le design comme “une chose qui pense”

    OÙ L’ON S’INTERROGE SUR LA PERTINENCE DU CONCEPT DE “DESIGN THINKING” *

    Par Stéphane Vial.

    Pour une philosophie du design

    “Le design ne cesse de penser, mais il est incapable de se penser. Il n’a encore jamais produit une théorie de lui-même, comme l’art a pu le faire.” (1)

    Tels sont les premiers mots du Court traité du design qui sort cette semaine en librairie. Ils pointent du doigt un fait aussi étonnant que paradoxal: il n’y a pas de pensée du design, alors même que le design est au plus haut point une pratique de la pensée. Pas de pensée du design chez les designers, qui reconnaissent eux-mêmes qu’ils ne savent pas (définir) ce qu’ils font. Pas de pensée du design chez les philosophes non plus, trop occupés à la “question de l’art”, quand ce n’est pas à “la question de la question de l’art” (sic).

    Tenter de penser le design, c’est pourtant une nécessité. Non pas tant parce que le design a déjà largement contribué à façonner la société (de consommation) dans laquelle nous vivons, mais surtout parce qu’il détient quelques unes des clefs de la société (d’innovation) dans laquelle nous allons devoir vivre (2). Le temps est venu de s’entendre sur ce qu’on met dans le mot design et, par conséquent, d’en faire un objet de pensée. Et c’est à la philosophie que revient de faire ce travail, comme elle l’a fait pour l’art (en inventant l’esthétique) ou pour la science (en inventant l’épistémologie). Parce que, comme le dit Georges Canguilhem, “La philosophie est une réflexion pour qui toute matière étrangère est bonne, et nous dirions volontiers pour qui toute bonne matière doit être étrangère” (3). Une manière, pour le design, de s’enrichir d’une sorte de “Thinking outside the box”.

    Cela suppose de considérer le design non pas comme une division du champ de l’art ou du champ de l’industrie, mais comme un champ disciplinaire en soi, dont il faut désormais bâtir les fondements épistémologiques. Certes, nous dit-on, le design est difficile à définir et, pour s’épargner l’effort de le faire, on se contente le plus souvent de dire que c’est une “activité complexe”. Cela ne peut plus durer.

    Le design comme “une chose qui pense”

    Depuis quelques années, une poignée de designers américains qui disent “creuser plus loin que la surface” inscrivent leur travail dans cet effort pour penser le design.  Ce ne sont pas des philosophes, mais des designers aguerris parmi les plus influents au monde. Ils sont emmenés par Tim Brown et œuvrent au sein de l’agence IDEO“the company that brought us the first Apple Macintosh mouse”. Leur approche du design est certes celle d’une agence qui vend ses services à ses clients. Mais leurs idées ne sont pas sans portée théorique et convergent avec celle d’une philosophie du design telle que je la conçois.

    Ce qu’ils proposent, c’est précisément de penser le design comme une pensée. Ils appelent cela le “Design Thinking”. L’objet de cet article est de mieux comprendre ce qu’il faut entendre par là et de se demander dans quelle mesure le concept de “Design Thinking” est opératoire ou pertinent pour penser le design. Comment faut-il d’ailleurs le traduire en français? Design qui pense? Pensée-design? Pensée du design? Pensée à la manière du design?

    Soyons tout à fait clairs. L’expression “Design Thinking” est à entendre comme une abréviation de “Design Thinking Process”. Cela signifie: le processus de pensée propre aux designers. Parler de “Design Thinking », c’est parler du « Thinking like a designer ». Ce qu’on suggère par là, c’est que le design est avant tout une pratique de penseur ou une méthode de pensée. Il ressemble à la définition cartésienne du sujet, entendu comme ce qui existe par le fait même qu’il pense (“Je pense, donc je suis”). Comme le moi chez Descartes, le design chez IDEO n’estqu’en tant qu’il pense. Il est donc par excellence “une chose qui pense” (a thing that thinks). Parler de “Design Thinking”, c’est concevoir le design comme une “thinking thing”.

    Les principes du “Design Thinking”

    Revenons aux termes de Tim Brown et faisons rapidement le chemin avec lui. Pour cela, je me fonderai sur deux de ses conférences, l’une prononcée au MIT en 2006 et l’autre lors de l’édition 2009 de TED.

    “FROM DESIGN TO DESIGN THINKING”

    Tim nous propose de faire une conversion. Considérer le design comme un « Design Thinking”, c’est renoncer à la “petite vision du design” qu’on a eue jusqu’ici pour voir les choses en plus “grand”. Au XXème siècle, faire du design, c’était faire des produits plus attractifs, plus faciles à utiliser, plus vendables. Les technologies devenant toutes rapidement obsolètes (exemple: le fax), cela n’avait finalement pas beaucoup d’impact. Le design n’était qu’un outil de consommation et ce qu’il produisait était tout au plus amusant ou désirable, mais pas vraiment important. À ce sujet, on pourra d’ailleurs lire le chapitre 3 du Court traité du design, intitulé « Design, crime et marketing: où l’on raconte l’alliance très horrifique du design et du capital », qui abonde dans ce sens.

    Parler de “Design Thinking”, pour Tim Brown, c’est moins s’intéresser à l’objet du design qu’à son résultat. Et c’est envisager son résultat comme pouvant avoir un impact beaucoup plus grand. Le design ne consiste plus à faire des lunettes à la mode, ironise-t-il. Il est aujourd’hui quelque chose de plus grand que cela qui s’applique à des problèmes plus importants et d’un nouveau genre comme l’éducation, la santé, la sécurité, etc. Ce que j’appelle quant à moi des problèmes humains, sociaux ou culturels, en tant qu’ils sont présents dans toute démarche de projet en design. Le design s’entend alors, nous dit Brown, comme un « human centered design » ou design centré sur l’humain. Formule un peu démagogique et opportuniste de la part d’une agence de design, mais parfaitement pertinente du point de vue d’une philosophie du design conçue comme philosophie appliquée.

    “HUMAN NEEDS IS THE PLACE TO START”

    Une telle approche de la finalité du design nécessite de repenser le processus créatif du design tout entier. Là où les Français parleraient de démarche de projet, Tim Brown propose de séquencer le travail du “design thinker” en plusieurs étapes clef. La première consiste à partir des besoins des gens. Il s’agit avant tout de rendre la vie plus facile et plus agréable. Par là, il ne faut pas entendre faire de la bonne ergonomie (“putting the button in the right place”). Il faut entendre culture et contexte. C’est le moment de l’inspiration: il s’agit d’être inspiré par les gens, d’être empathique avec eux, c’est-à-dire se mettre à leur place pour penser comme eux et de leur point de vue (corporel, émotionnel, cognitif, social, culturel).

    “LEARNING BY MAKING”

    La seconde étape est celle de l’expérimentation comme moyen d’engender des idées. Faire du design, ce n’est pas penser pour faire, mais faire pour penser. Une manière de dire que la conception ne vient pas avant la réalisation, mais après. Cela signifie faire de nombreux prototypes avant de proposer une idée sérieuse. Car c’est seulement quand on commence à jeter nos idées dans la matière du monde réel qu’on commence à les comprendre. Et plus vite on expérimente, plus vite vont nos idées. C’est le moment de l’idéation: le prototype renvoie quelque chose que l’on va apprendre de lui et qui va faire naître, bien mieux qu’un concept, une histoire. Le designer doit cesser de proposer des concepts afin de raconter des histoires (storytelling) — ce qu’on appelle aussi, en France, des scénarios d’usage.

    “DESIGN IS TOO IMPORTANT TO BE LEFT TO DESIGNERS”

    Le design est trop important pour être laissé aux seules mains des designers. Voilà sans doute la plus belle idée de Tim Brown, qui n’est sans doute pas du goût de tout le monde, si toutefois elle est sincère. L’idée, c’est qu’au terme du processus de design, on ne doit plus seulement trouver la consommation (passive) mais la participation (active). C’est le moment de l’implémentation. Le design doit devenir un système participatif. Parce que c’est quand il est mis dans les mains du plus grand nombre que le design a l’impact le plus grand. Parce que tout le monde doit s’impliquer dans les nouveaux choix que nous avons à faire. Nous vivons aujourd’hui des temps de grand changement et nos solutions existantes deviennent obsolètes. Pour Tim Brown, il incombe au design autant qu’à nous tous de formuler les nouvelles questions auxquelles notre époque doit répondre. À charge pour le design de lui apporter des réponses.

    Pour ma part, la question clef que je souhaite poser aux designers, et qui constitue selon moi une vraie problématique d’innovation, c’est celle que je formule dans le dernier chapitre du Court traité du design: lorsqu’on sait que l’Internet consommera bientôt autant d’énergie électrique que toute l’économie des États-Unis, soit trois milliards de kilowatt/heures, qu’est-ce que le numérique peut faire pour l’avenir de la planète?

    Conclusion

    Le concept de “Design Thinking” n’est pas un concept philosophique, mais un concept purement mercatique. Comme le souligne Don Norman, sa valeur réside dans le fait qu’il est “un moyen utile de convaincre les gens que les designers font plus que rendre les choses plus jolies” et que le design est bien plus qu’une affaire de style. Mais sur le fond, ce prétendu “nouveau” concept enfonce pas mal de portes ouvertes sur le processus créatif comme si c’étaient autant de découvertes miraculeuses. Comme le dit Don Norman, le “Design Thinking” est un mythe utile, mais c’est un mythe parce que ce qu’on labellise sous ce nom, c’est ce qu’ont toujours fait les créatifs de toutes les disciplines.

    En outre, du point de vue de la culture française du design, considérer le design comme ”une chose qui pense” n’a rien de très nouveau. C’est ce qu’on appelle en gaulois la réflexion constitutive de la démarche de projet. Et ce qu’on nous présente comme un “design centré sur l’humain” n’est rien d’autre que le fondement même du design en tant qu’il est par définition centré sur l’usager – une fois admis qu’un usager n’est rien d’autre qu’un humain dans toutes ses dimensions.

    Enfin, on peut s’étonner de voir nos amis américains clamer comme une nouveauté qu’un designer doit entreprendre d’être comme un anthropologue ou un psychologue qui enquête sur la manière dont les gens font l’expérience du monde. En France, la démarche de projet en design est depuis longtemps inséparable de la philosophie et des sciences humaines. Parce qu’un projet n’est pas seulement, comme disent nos référentiels de BTS Design, une « démarche conceptuelle de projection (former le dessein) et d’anticipation, fondée sur une méthodologie complexe et évolutive, en réponse à une demande », mais aussi une démarche intellectuelle d’interrogation et de problématisation des enjeux humains, sociaux ou culturels qu’impliquent cette demande. C’est ce que j’appelle le “processus de design” (4).

    Reconnaissons tout de même au concept de “Design Thinking” le mérite d’être peut-être le seul concept contemporain de design que les designers ont été capables de produire pour définir et expliquer ce qu’ils font.

    Liens

    Court traité du design

    Notes

    1. S. VIAL, Court traité du design, PUF, 2010, p. 11.
    2. Comme le dit John THACKARA à propos du monde en déclin qui s’annonce du fait de l’épuisement de nos ressources, nous allons devoir “inévitablement nous adapter à une sorte de désordre” (Azimuts, 31, p. 57).
    3. G. CANGUILHEM, Le normal et le pathologique (1966), Paris, PUF, Quadrige, 1996, p. 7.
    4. S. VIAL, Court traité du design, PUF, 2010, p. 113 et suiv.

    Cet article a été initialement publié sur le blog de Stéphane Vial: reduplikation.net.

    Philosophe et psychologue de formation, Stéphane Vial est aujourd’hui directeur de création interactive à l’Atelier Lektum et professeur à l’École Boulle, où il enseigne la philosophie appliquée au design. On lui doit plusieurs essais dont un Court traité du design préfacé par Patrick Jouin, qui sort en librairie cette semaine.


    43 commentaires

    1. jean sebastien dit:

      Le discours de la clé de douze. Parce qu’elle ignore qu’il existe une boite à outil, elle explique que le monde devrait profiter de ses savoirs et aller plus loin!

      Mais j’aime bien ces cercles avec un compas vieille école.. C’est un bon début. La première leçon du designer!

    2. Bob le Homard dit:

      Excellent article

    3. waldezign dit:

      La vraie question, peut-être: est-il utile aux designers de connaître la définition du Design? Est-ce nécessaire pour améliorer la pratique du Design? Une question fermée à laquelle il n’est certainement pas simple de répondre, mais certainement plus qu’à « qu’est-ce que le Design ».

    4. Stéphane Vial dit:

      @waldezign : Je suis d’accord : ce n’est pas nécessairement aux designers, qui savent ce qu’ils font même s’ils ne savent pas le dire, qu’il est le plus utile de donner une “définition” du design. D’un autre côté, pratiquer un métier sans s’intéresser à la problématique de sa définition, surtout quand ce métier implique de se poser pas mal de questions, c’est un peu étonnant, non ? Un politicien qui ne s’intéresserait pas à la définition de la politique ou un scientifique qui ne s’intéresserait pas à la définition de la science, comment dire, ce serait un peu étonnant, non ? Par ailleurs, tenter de “penser” le design ne se réduit pas à l’ambition de le ”définir“. C’est aussi poser les problèmes qu’il pose et qu’il se pose. En l’occurrence, j’ai le sentiment que la notion de “Design Thinking” est l’une des rares que les designers proposent pour tenter de le faire. Ne pas confondre au passage celles que proposent les designers et celles que proposent les philosophes.

    5. waldezign dit:

      Personnellement, je pense que la question même de « Qu’est-ce que le Design? » n’a comme seul intérêt de démontrer qu’elle ne connaît pas de réponse tangible.
      Ce qui signifie que de mon point de vue d’acteur (et non pas d’observateur), elle est vaine: il n’y a pas de réponse satisfaisante au delà du classique et incomplet « dessin à dessein », et de toute façon, quelque soit la réponse, ça n’apporte rien à la pratique du métier, bien au contraire.

      Une question qui m’interpelle davantage: Pourquoi devenir designer? (et non pas pourquoi le Design, j’y vois une nuance)

      Cela dit, l’article est intéressant, le livre le semble aussi (mais il faudrait qu’il soit sur iBookstore)

    6. Jesse dit:

      Pour moi, le design c’est de la conception, point barre. Maintenant, si le design est difficile à définir, tout comme sa pensée, c’est parce que la conception d’aujourd’hui intègre beaucoup plus de contraintes qu’autrefois. Avant (on va dire dans les années 50), tout ce qui était produit était presque automatiquement acheté. Le designer amenait surtout de l’esthétique et certains grands designers apportaient en plus quelques réponses à des problématiques supplémentaires. Ensuite, avec l’arrivée d’une concurrence grandissante, le design a dû faire face à une problématique d’innovation. Par la suite sont venues les problématiques de l’environnement, de la santé, de la production locale ou mondiale, de la surconsommation et donc de l’invasion de l’espace par les objets. Puis aujourd’hui, alors que c’est le secteur tertiaire qui domine, dopé par le numérique en réseau, le design change de sujet en s’engouffrant dans les services. Et lorsque Stephane Vial nous interroge sur la surconsommation énergétique que provoque cet engouement pour les services, il repose encore une nouvelle problématique, mais certainement pas la dernière.

      Dans tous les cas, le designer conçoit un « produit » marchand (le côté marchand est ce qui le différencie du bricoleur qui conçoit et fabrique sa table basse le dimanche). Il est rarement un responsable de l’entreprise (et à ce titre reste souvent dans l’ombre) et il a le devoir d’accompagner le « bébé » jusqu’à sa finalisation, en répondant à toutes les contraintes qu’on lui impose et en utilisant les outils qu’il peut se permettre.
      La difficulté d’en parler vient pour moi qu’entre un designer intégré qui conçoit une tente pour Décathlon, un designer d’interface qui conçoit un système de location par internet ou un autre designer qui travaille avec des ONG sur comment amener de l’eau à des sinistrés ou encore quelqu’un qui dessine des nouveaux Tétrapak, forcément, il est difficile de trouver des problématiques et des outils communs.

      Mais attention, puisque le designer n’est que rarement en position de force dans l’entreprise, ce n’est pas lui qui décide des problématiques auxquelles répondre. J’ai souvent voulu apporter un peu d’éco-conception, mais il y a toujours eu un responsable financier pour m’envoyer chier. Donc, au lieu de dire que le design est trop important pour être laissé aux designers, je dirais plutôt que » la création de nouveaux produits est trop importante pour qu’on laisse d’autres personnes que les designers s’immiscer dans cette responsabilité ».

      En somme, il n’y a pas de design thinking, parce qu’il n’y a pas de design responsibility.

      PS: si le design peut se permettre d’avoir une pensée, c’est grâce aux stars du design (qui ne produisent jamais rien à part des prototypes de luxe) que les responsables écoutent, mais certainement pas à cause de tous ces designers moins bien payés que des ouvriers qui jour après jour, peaufinent leur conception dans l’ombre, dans l’espoir de voir sortir un produit qui ne soit pas la « merde » imaginée par le chef de projet. C’est donc une impasse…

    7. Philippe Duroule dit:

      @M Vial;

      Vos 3 cercles me paraissent fort sympathiques. Ils m’ont projeté 20 ans en arrière. Au début des années 90. J’étais alors un jeunes graphiste d’agence. Pour un nouveau client, j’ai pu assisté à la présentation du CDC : il s’agissait de la création d’une brochure. Ce client commença par dessiner trois cercles qui se superposaient. L’un, était les techniques et technologies, l’autre, les sciences humaines et l’homme, le troisième l’art et la créativité. Ou les trois cercles se superposaient, Ce client avait écrit création et design. Il s’agissait de positionner une école.
      Nous avions comme commande, la création de la brochure de « Créapole ».
      Permettez moi aussi de vous préciser que sous le non, Créapole dans le logo, il est inscrit : »création et management ». C’était autour de 1993.

      Je ne veux pas entrer en polémique, mais il semblerait que le design est parfois pensé et même mis en mouvement. Ce qui n’enlève rien à l’utilité de ce que vous pouvez écrire.

      Une petite remarque. Il m’a semblé comprendre que vous étiez professeur dans une école d’art et de design. Cela n’est-il pas la preuve que certains ont pensé le design et qu’ils en ont tiré la conséquence qu’il fallait embaucher un philosophe?
      Vos écrits, votre activité, est la conséquence d’un design pensé et non pas un élément moteur.
      D’une manière plus générale, nous pourrions dire que les philosophes ont été recrutés par les designers qui pensent le design.

      J’espère que votre livre aura du succès. Que le design soit mieux connu est de l’intérêt de tous.

    8. Waldezign dit:

      @Jesse
      Design=conception? Pas d’accord. Ou alors conception au sens de fécondation, de création. Le Design est à l’origine. Sinon, il n’est qu’emballage.
      Ça peut sembler candide, mais les designers (intégrés) doivent prendre le pouvoir dans les boîtes, pour donner du sens à leur métier. On ne peut pas proposer des concepts intègres si les produits sur lesquels on travaille ne sont que business driven, ou techno driven. Un produit est design driven, ou il n’a pas lieu d’être.
      Le designer doit être numéro 2, voire maxi numéro 3 dans sa boîte. En dessous, c’est que le Design n’est que du folklore pour amuser la galerie (donc alimentaire).
      Dans ma précédente fonction, j’étais n-6 par rapport au PDG, autant dire complètement inutile, aujourd’hui, je suis n-4, mais l’organisation est telle qu’il y a moyen de faire avancer les choses. Cependant, je ne compte pas m’arrêter là, sinon, j’irai ailleurs.
      Ce n’est pas de la prétention, ni même de l’ambition, mais un besoin de faire avancer les choses sans bâtons dans les roues.

      Après, « qu’est-ce que le design »…

    9. Stéphane Vial dit:

      @Jesse : J’aime quand vous dites : “la création de nouveaux produits est trop importante pour qu’on laisse d’autres personnes que les designers s’immiscer dans cette responsabilité”. Je suis entièrement d’accord. Cela rejoint l’idée de Waldezign qu’un produit doit être avant tout “Design driven”.

      @Philippe Duroule : J’ai bien conscience qu’il y a de la provocation dans mon propos sur les relations entre pensée et designers. Mon intention n’est pas d’accuser les designers de ne pas se penser, mais de pointer le vide théorique sur leur discipline. Ce vide, ils en sont moins responsables que les philosophes, qui ne sont intéressés jusqu’ici qu’à l’art et à la technique, parfois à l’industrie, mais jamais au design.

      @Waldezign : Je comprends. La question de savoir ce qu’est le design n’est pas vitale à vos yeux pour un praticien du quotidien. Mais sachez que le métier que vous faites, peu de gens le comprennent et le connaissent. Et contribuer à définir le design et le faire mieux comprendre en tentant de le “penser”, c’est aussi une manière de le faire mieux connaître des décideurs eux-mêmes afin qu’il soit mieux “placé” dans l’entreprise.

    10. Waldezign dit:

      @SV: c’est louable, mais j’ai bien peur que les « décideurs » ne se placent que rarement sur un plan philosophique. Je crois que le pragmatisme est de rigueur dans les hautes sphères… Les actes font évoluer les choses, et le designer est « condamné » à faire preuve d’audace pour persuader les puissants de son environnement professionnel.

    11. Jesse dit:

      @Waldesign
      +1

      @SV, AC et quelques autres…
      Savez-vous pourquoi les ouvrages de Victor Papanek sont introuvables en français?
      (ce n’est pas une question-piège, je cherche toujours à les acheter)

      Je pose cette question car je viens de lire l’échange intégral entre SV et JS sur l’article de J. Leboeuf et dans ces 2 articles, je vois que d’un côté, certains designers ne veulent pas être analysés par des « non-designers » et que d’un autre côté, certains philosophes dénoncent le manque de discours sur la discipline chez les designers. (Ai-je bien compris?)
      En somme, vous réclamez tous des discours de designer sur le design. Je propose donc que vous nous livriez une 2ème bibliothèque idéale de La RDD sur les designers qui pensent le design. (et à mon avis, si vous faites le lien avec un libraire, ça pourrait intéresser pas mal de conjoint(e)s de designers à Noël)

      PS: j’espère n’avoir choqué personne avec mon précédent commentaire, j’étais un peu énervé ce jour-là, désolé.

    12. La Revue du Design dit:

      Voilà une très bonne idée :)

    13. Oilivier dit:

      Certains par méconnaissance mais pas sans condescendance, prétendent que le design n’est pas assez pensé.
      Et ces « worders » ne manquent pas de préciser que ce travail est de leur compétence, puisqu’ils sont philosophes! Que ce leadership leur reviendrait de droit!
      Cependant:
      1) Ils n’ont pas encore démontré que le design n’était pas pensé.
      2) Ils n’ont pas démontré qu’ils seraient à la hauteur de ce travail. ET quels seraient les limites de leurs apports.

      Le fait qu’ils comptent les livres édités et non pas les « produits de sens » distribués démontre qu’ils sont encore bien loin d’avoir intégré les bases nécessaires à cette réflexion.
      Parler de la nécessité d’une « bibliothèque » pour le design, est-ce vraiment un outil indispensable pour garder en mouvement le design? Ou au contraire n’est-ce pas, au mieux, pas essentiel. Au pire, prétendre fossiliser le design.

      Une autre question me paraît plus urgente: Il faudrait penser la philosophie. Et les designers ne seraient-ils pas les mieux placés pour sortir la philosophie de ses cours de récréations et du bureau des profs.

      Fin novembre, j’ai vu BHL, devant le Café Flore. Il faisait froid. Il avait sa chemise blanche ouverte jusqu’au nombril afin de montrer sa poitrine rose au Monde. Et il paradait. Je suis convaincu que les designers devraient penser la philosophie. A la fois pour le fond mais aussi, de toute évidence, pour la forme aussi.
      Penser la philosophie est une urgence. ne serait-ce que pour que les hommes puissant prennent les philosophe au sérieux.

      Mais dans un premier temps, je voudrais bien faire comprendre aux « worders » que l’existence de « words », de livres et de discours n’est pas une preuve de l’existence d’une pensée de qualité. Ces supports n’ont pas d’exclusivités. Et n’ont pas de lien direct. Le livre n’est plus, au contraire, preuve de pensée.
      Il fut une époque ou un écrivain écrivait quand il maitrisait son sujet. De nos jours on écrit au fur et à mesure de ses découvertes. Et souvent dans l’ignorance de ce qu’il reste à découvrir: le plus vrai.
      Le livre a ses écrivains et ses penseurs. Mais aussi ses graphistes, tout nu.
      Comme pour les Produits. Les designers ne sont parfois que des graphistes, des infographistes ou des dessinateurs. Mais ils ne sont pas tous comme cela.

    14. La Revue du Design dit:

      Bonjour Oilivier,

      Je publie votre commentaire car, bien qu’il soit virulent et à mon sens inutilement agressif, je pense cependant qu’il constitue une manière de penser le design et sa relation aux autres disciplines, partagée par un certain nombre de personnes. Il peut ainsi appeler, selon moi, une réponse constructive et participer à ce large débat.

      Je vous avoue cependant ne pas réellement comprendre votre souhait de séparer à tout prix ceux qui parlent du design et ceux qui le pratiquent. Les premiers n’ont-ils réellement, selon vous, rien à apprendre aux seconds ? Et inversement ?

      (De là à « designer » la philosophie, je trouve le renversement de perspective intéressant, amusant et ne manquant pas de pertinence !!!)

      A bientôt
      AC

    15. La Revue du Design dit:

      @Oilivier: l’adresse email que vous laissez dans vos commentaires ne semble pas être la bonne, car je n’arrive pas à vous joindre dessus. Est-ce volontaire ? Vous pouvez me répondre directement, si vous le souhaitez, aux adresses évoquées dans la page « Contact » de ce site. Merci.
      AC

    16. Oilivier dit:

      Oui, c’est volontaire. Je suis un designer integré. Je ne peux pas jouer avec l’image de mon entreprise. A vous de savoir si vous acceptez ceux qui ont quelque chose à perdre.

    17. La Revue du Design dit:

      @Oilivier: J’accepte bien volontiers les personnes qui ont quelque chose à perdre (tout comme celles qui ont quelque chose à gagner d’ailleurs…), mais plus difficilement celles ou ceux qui m’indiquent de fausses adresses e-mail, ce qui a pour effet que j’envoie des messages à des destinataires qui me disent ne pas connaitre ce site.
      Je trouve le procédé plus que moyen!
      Si c’est là la seule manière que vous envisagez d’adopter, il n’est plus utile de laisser de commentaires.
      Merci
      AC

    18. waldezign dit:

      « vivons heureux, vivons cachés »? d’accord, mais dans ce cas, il vaut mieux la mettre en veilleuse, ou au moins rester dans les limites acceptables et éviter de se poser en donneur de leçons et en maître à penser.
      Les avis contradictoires sont enrichissants s’il ne sont pas péremptoires et définitifs, qui plus est doublés d’anonymat. Pour être crédible, il faut savoir être responsable de ses actes et de ses dires.

    19. Es dit:

      Bon bon bon. Si on essaie de prendre un peu de recul par rapport à tous ces commentaires enflammés, on réalise quel est le réel problème : les designers sont incapables d’appliquer à eux-mêmes ce qu’ils font pour les autres corps de métier.
      Toute la journée, nous sommes des médiateurs, nous posons des questions, nous remettons en question et essayons de concilier l’inconciliable. Et il faut croire que nous y arrivons, sinon on ne nous payerait pas pour ça.
      Par contre, dès qu’il s’agit de parler de nous-mêmes, pffft, tout recul disparaît et l’ego prend le dessus… On n’aboutira jamais à un discours cohérent si chacun s’enferme dans sa propre petite conception sans chercher à comprendre ni tolérer les autres.

      Il manque certainement un background théorique au design, celui qui permet aux philosophes de présenter des théories contradictoires, de débattre sans pour autant nuire à la crédibilité de leur discipline. Tant que nous serons incapables de dépasser les petites querelles, le discours autour du design restera confus. Et nous serons les premiers à nous en plaindre…

    20. La Revue du Design dit:

      Merci Es pour cette synthèse pertinente, dont je partage totalement les conclusions.
      AC

    21. Benoît Millet dit:

      Bon, j’ai attendu de recevoir ce livre avant de réagir – lu et relu
      Vous aussi ?
      L’impatience était grande, d’une part parce qu’il est préfacé par quelqu’un que je connais bien et que j’apprécie : Patrick Jouin et d’autre part, parce que les livres qui affichent une telle prétention sont rares : expliquer le design.
      Mais là le flop !

    22. La Revue du Design dit:

      @ Benoît: c’est-à-dire ?

    23. phil dit:

      On pourrait savoir qui demande que les designers présentent des théories contradictoires afin de pouvoir débattre?
      Qui souhaite ce genre de finalité?

    24. waldezign dit:

      Je pense que le débat autour du design n’est pas vain. Certaines questions le sont certainement un peu plus que d’autres, mais il y a quand-même pas mal matière à discuter, que ce soit entre designers, ou avec d’autres acteurs ou observateurs du domaine.
      Il faudrait peut-être un café-du-design.com…

    25. La Revue du Design dit:

      Le cafe-du-design.com… l’idée est tentante ! :)

    26. Es dit:

      @phil > tu trouverais préférable de créer un dogme ? Personne n’a LA vérité, surtout pas dans nos métiers…

    27. phil dit:

      Justement, il n’y a pas de vérité. Il n’y a qu’un seul produit à un moment donné.

    28. Benoît Millet dit:

      Pourquoi ? Lorsqu’on commence un discours philosophique en avançant que « jamais » les designers ou les philosophes n’ont pensé le design ou produit de théorie(s) sur le sujet, l’auteur prend un risque. Le premier, c’est de voir cette assertion controversée. Le deuxième, c’est d’être attendu face à la promesse d’un éclairage nouveau. Et des éclairages différents ne sont pas inutiles au design et aux designers !
      Que l’auteur prenne ces risques, on ne peut que l’en féliciter, y compris lorsqu’il se permet des provocations ou des critiques. Mais la promesse d’une nouvelle « philosophie du design » n’est pas tenue et j’en suis le premier déçu. Je n’ai malheureusement pas le temps de faire, ici, une critique détaillée de l’ouvrage mais j’espère en parler directement avec son auteur.
      Comme j’ai un esprit plutôt constructif, et à propos de « design thinking », je lui propose d’analyser comment se « pratique concrètement » la pensée design. Si le design se pense en se faisant, j’aimerai son avis de philosophe sur la technique des metaplans (les post’it) !

    29. Waldezign dit:

      J’abandonne tous les droits! :)

    30. Benoît Millet dit:

      @ waldesign – L’idée du café-du-design est bien tentante :)
      J’ai mis en place un très modeste café-des-arts en Normandie avec architectes, peintres, musiciens, réalisateurs… c’est très enrichissant – Vous êtes les bienvenus

    31. Waldezign dit:

      En tout cas, ça fait réagir cet article!

    32. Loulou dit:

      @Benoît Millet. Même constat que vous concernant le Court Traité du Design (CTdD) : « Le flop ».

      Car voici l’amer constat à l’issue de cette lecture. Si je suis favorable (et même friand) à toute analyse philosophique du design, en « bon français » dirait P. Antolini, c’est avant tout afin que celle-ci puisse réellement mettre en branle des convictions préconçues dans ma pratique du design. Certains philosophes y parviennent (ce qui, soit dit en passant, invalide le propos de l’auteur affirmant qu’il existe un vide conceptuel autour du design…) et je pense notamment à Slavoj Zizek avec le texte « Le design comme idéologie » dans « Le Design » de l’IFM ou encore à Pierre-Damien Huyghe avec « Art et industrie. Philosophie du Bauhaus ». Ce dernier, contrairement à l’auteur du CTdD, pousse la rigueur jusqu’à définir le concept philosophique d’ « industrie » avant d’évoquer quoi que ce soit sur le « design industriel ». S. Vial, lui, parle de « design industriel » sans jamais définir le concept d’industrie. Il se contente d’assimiler la genèse du design à « l’assomption de l’industrie » (le designer assumant la réalité industrielle et mécanique et décidant de travailler non plus « contre » mais « avec »). Et ce n’est pas la présentation de principes dans un « style géométrique » (CTdD p.113) qui assurera une plus grande rigueur au texte.
      Ceci mène au deuxième raccourci de l’auteur. Le court traité du design ne parle finalement que de design industriel. Qu’en est-il de tout le pan du design qui se perçoit en parallèle à l’industrie ? Ni pour, ni contre, mais « à côté » ? Je pense notamment au Design Radical et à son quasi avatar contemporain qui est le Critical Design (Dunne&Raby). Ceux-ci se définissent comme designers œuvrant hors contexte industriel et commercial. Or l’auteur affirme qu’aujourd’hui, le designer doit assumer la réalité mercatique, comme hier il a assumé l’industrie. Afin probablement de ne pas être victime d’un lynchage sur la place publique des tenants du design « responsable », l’auteur érige ainsi en « loi morale du designer l’impératif suivant, formulé à la manière kantienne : Agis de telle sorte que tu traites le marché, aussi bien dans ta personnalité de designer que dans les projets de design que tu offres aux usagers, toujours simplement comme un moyen et jamais en même temps comme une fin » (CTdD p.50). Passons outre la prétention à se comparer à Kant. Mais critiquer la pauvreté de la pensée sur le design d’un côté et imaginer pouvoir la combler avec un tel impératif…! L’auteur s’est-il contenté de lire en diagonale ses « grands classiques du design » ? Je pense aux multiples textes de W.Morris : « Si l’art a dépéri, c’est à cause du mythe qui veut que le commerce devienne une fin en soi (l’homme étant fait pour le commerce, au lieu du commerce pour l’homme), et non pas à cause de l’appareillage incident résultant de la mise en pratique ici ou là de ce dogme erroné » dans « l’Art en ploutocratie » en 1883! Sans parler de designers comme H. Dreyfuss « Designing for people » ou V. Papanek « design for the real world »…
      La stratégie visant à parler de « vide conceptuel » pour tout simplement répéter des propos déjà ressassés moult fois est-elle de la malhonnêteté intellectuelle dans le but de créer un petit buzz « dans le style » de la pure provocation ? Où sont donc les idées réellement provocatrices ?

      Concernant la forme, car après tout, nous sommes sur un blog dédié au design:
      S. Vial se positionne comme une sorte de philosophe « rockstar » avec un portrait (regard vers l’horizon oblige), occupant la moitié de la quatrième de couverture. Certes, c’est iconoclaste pour un philosophe (ceci dit BHL l’a surement déjà fait…). Il fallait oser.
      Je serais plus critique quant à la mise en avant explicite (sur le site personnel de l’auteur, sur la couverture, à la fin de votre post ci-dessus, etc) de la contribution de Patrick Jouin (dont j’admire la démarche de design). Sa préface d’une demi page n’est manifestement pas très élaborée. Ainsi la mise en avant systématique de sa contribution fait de la signature de « Patrick Jouin » un magnifique label. Le livre est ainsi « légitimé » par un grand nom du design. AOC, Amen. Outre l’aspect purement mercatique de cette démarche, il est surprenant de constater qu’au final l’auteur se sente obligé, malgré toute sa charge provocatrice quant aux designers « incapables de produire une pensée sur leur propre pratique », de passer par cette forme de légitimation de ses propos. Ceci en révèle d’autant plus sur la nature « révolutionnaire » de ce traité.
      A moins de prendre le terme dans son acception physique : un mouvement en boucle fermée i.e. qui revient sur lui-même.

    33. waldezign dit:

      Commentaires pointus et intéressants. Un plaisir à lire.

    34. La Revue du Design dit:

      Tout à fait d’accord avec vous Waldesign.
      Merci à tous les lecteurs qui partagent ici leurs avis et participent à ce débat.
      AC

    35. alain dit:

      Pourquoi parler du design qui « oeuvre hors contexte industriel et commerciale »? Mais parce que cela n’existe pas. Il y a l’art, le bricolage, l’artisanat, les projets d’étudiants, la thérapie par la création…il n’était pas nécessaire d’écrire sur ces sujets. Cela n’a rien à voir avec le design.

    36. waldezign dit:

      C’est vrai que le design de produits est de fait lié à une production, qu’elle soit en très petite série (plus d’un exemplaire) via l’artisanat, ou en grande série, via un processus davantage industriel, d’où l’attribut design industriel. L’intérêt même du design « industriel » réside essentiellement dans cette contrainte liée à la production en série. Trouver les solutions pour ne pas dévoyer le concept initial, malgré le passage à la réalité industrielle, c’est toute la beauté du sport!
      ça dépasse de loin la création d’objets.

    37. Loulou dit:

      @alain

      Les propositions de V.Papanek (ex. sa radio « DIY ») d’une part et la « consécration » du Critical Design comme pratique spécifique du design d’autre part (les travaux de Dunne & Raby sont exposés aujourd’hui dans la section « Design » et non « Art » au MoMA, juste à côté des roulements à billes SKF. Aussi, toute une expo dédiée au « Critical Design » à la Biennale de Saint-Etienne 2010) sont deux contre-exemples qui invalident, il me semble, votre affirmation.

      Pourriez-vous être alors plus précis et expliquer (ou renvoyer vers essais et/ou articles) dans quelle mesure le design n’existerait pas hors contexte industriel et commercial ?

      En ce qui me concerne, plutôt que de balayer d’un revers de main ces quelques exemples en les percevant comme des épiphénomènes ou pire, en les renvoyant exclusivement à des champs « indépendants » du design (« art » pour Dunne&Raby et « projets d’étudiants » pour V. Papanek ?), je préfère dans un premier temps « supposer » leur appartenance au design afin de reconsidérer l’idée préconçue que je pourrais avoir d’un design exclusivement dédié à l’industrie et au commerce.

    38. Waldezign dit:

      Pour sûr, il ne faut pas confondre le design tout court, alias arts appliqués (démarche artistique-intellectuelle liée à une fonction-ou un message en ce qui concerne le design graphique), et le design de produits « manufacturés ».
      Après, on peut longtemps discuter de la légitimité et la validité de travaux ou de projets en fonction de leur exposition ou non lors d’évènements comme la biennale, ou dans des musée tels que le moma…
      Je ne suis pas un grand fan du commerce pour le commerce, mais un produit qui rencontre son public, comme on dit, donne déjà une petite indication sur la qualité du travail de ses créateurs. Bien-sûr, il y a d’autres indicateurs.

    39. alain dit:

      @ loulou

      Mais, je vous en prie, cher(e) ami(e), supposez, supposez. Quand vous aurez fini de supposer, cela deviendra des idées préconcues, je suppose? Ce que l’on reproche beaucoup aux designers, c’est de ne pas rester continuellement dans les suppositions, mais de choisir.( Certains désignent cela comme « ne pas penser »). Ce qui est bien moins confortable et facile que caresser, de manière platonique, éternellement les questions.

      Mais je suppose que si des conservateurs de musées d’arts exposent des objets dans des sections design, cela signifie que le design n’est que le parent pauvre de l’art.
      Je suppose que si des commissaires qui n’ont aucune légitimité dans le design exposent de simples essais, sans avenir, en les titrant « design » cela est dans le registre de la pensée design.
      La vérité n’est que parole institutionnelle, n’est-ce pas? On n’appelle pas aussi cela propagande d’Etat?

      Et si, par hasard, vous en veniez à considérer que les essais et les articles « d’amis qui vous ressemblent » ne peuvent suffirent à fonder une pensée, vous pourriez rencontrer et écouter des hommes de pouvoir spirituel? Les patrons de Toyota et Renault, par exemple. A moins que vous ne les balayez d’un revers de mains pour ne pas vous avouer qu’ils sont hors de votre portée?

    40. Es dit:

      @Loulou
      Sur la question du critical design, je pense qu’il faut le considérer à la frange du design. Ni en-dedans ni en-dehors, puisque son but est de faire réfléchir (recul) en utilisant les démarches du design (immersion). On pourrait aussi l’appeler design-fiction (qui se nourrit du design pour esquisser des futurs possibles) ?

    41. nodesign dit:

      La langue Française a changé le sens du mot « Design ». C’est une conception élargie, plastique, symbolique et sémantique que nous enseignons et pratiquons. (Vue de l’étranger)
      A ce jour, notre pays produit des designers mais peu de pensée spécifique du Design
      (un concept Français identifié dans le design mondial ?).

      Remercions l’ami Stéphane de provoquer la « conversation »… Elle est necessaire

    42. La Revue du Design » Blog Archive » Interview: Jean-Baptiste Sibertin Blanc dit:

      [...] Internet, un film, une découverte récente… que vous auriez envie de partager avec nous? Un Court traite du design vient de paraitre aux PUF, écrit par Stéphane Vial. Il souligne dans son introduction que le mot [...]

    43. IDEO, « design thinking » avec Youenn Colin | master innovation by design dit:

      [...] FRANGE SOURCES : «Le design colle «une chose qui pense»», La Revue du design, Stéphane Vial : http://www.larevuedudesign.com/2010/12/03/le-design-comme-une-chose-qui-pense-stephane-vial/  Site officiel de lʼagence IDEO: http://www.ideo.com/ [...]

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