• Être ou ne pas être [parfait]…

    Par Estelle Berger

    Le Monde publie aujourd’hui un article ‘Le design à la recherche de l’imperfection’ à partir de l’exposition Imparfait (boutique Merci, Paris), et m’interroge sur la variation dans le design.

    Jusqu’où l’unicité donne t-elle valeur à l’objet, à partir de quel moment la considère t-on comme défaut ? En travaillant pour le monde du luxe je me suis souvent interrogée sur cette subtile limite. Et, en disciple du wabi-sabi, je suis convaincue que les objets porteurs de variations nous engagent de manière plus sensible et intime.

    Outre l’article du Monde, j’avais écrit sur ce sujet pour La Revue du Design ‘Le futur de l’imparfait’. En y réfléchissant à nouveau aujourd’hui, je réalise que la question devient de plus en plus viscérale. A l’heure de l’humain augmenté, qui allierait le meilleur des deux mondes biologique et technologique, que faire de notre part de simples mortels ? L’exprimer en toute modestie, la revendiquer, la cacher comme une gêne, voire la combattre ?

    Il me semble que les tendances visibles dans le design sont révélatrices de telles postures plus globales. L’artisanat peut sublimer le geste humain, comme se perdre dans la reproduction en série. L’industrie, par ruse ou accident, peut faire naître de la poésie (je ne serais pas designer si je ne le pensais pas). Quant à la néo-industrie, celle de l’impression 3 ou 4D, des algorithmes et de l’intelligence artificielle, nul doute qu’elle ne puisse être aussi ambivalente.

    Et, comme ébauché dans l’article du Monde, je suis très excitée par cette introduction du chaotique dans les machines. Alors, la part de l’intention et de l’aléatoire s’hybrident – mais n’est-ce pas déjà le cas dans le design, et dans la vie en général ?

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